jeudi 24 février 2011

LE FOOTBALL, UN PHENOMENE SOCIAL TOTAL

A la veille du Mondial en Afrique du sud la ferveur populaire suscitée par le football montre à quel point ce sport universel est celui qui s’apparente le plus à un phénomène social total. De nombreuses études historiques et sociologiques ont fourni des explications rationnelles à une passion qui ne l’est pas.

Le football est né des révolutions industrielles et urbaines au 19e siècle comme la métaphore collective des valeurs émergeantes : l’effort et la performance, la compétition et la concurrence mais aussi la solidarité et l’éducation populaire. Il se construit, à la fois comme un vecteur d’identification à une entreprise, une ville et une nation, un outil d’intégration au modèle social dominant, un instrument de pacification des relations sociales, les appartenances collectives s’affrontant ainsi sur un terrain de jeu plutôt que sur celui de la violence voire de la guerre.

Les supporters se reconnaissent dans un style de jeu, véritable représentation de leur culture locale ou nationale. Malgré les tentations uniformisatrices actuelles, les manières de jouer et les joueurs qui vont avec, continuent de différencier les équipes. Celles qui privilégient la beauté du geste (le jeu brésilien ou à la française) ou bien la rigueur physique (le jeu à l’allemande ou à l’anglaise). La fierté des marseillais pour le « Droit au but » symbolise bien une ville où l’efficacité spectaculaire l’emporte souvent sur l’élégance. Skoblar, Papin et Niang, « héros marseillais » en sont les emblèmes alors qu’à Barcelone on préfèrera un jeu plus léché où Cruiff, Maradonna et Messi s’épanouissent. Marseille et Barcelone sont de ce point de vue intéressants à comparer. Deux villes populaires où le football a joué un rôle intégrateur très différent. Le Barça a favorisé la résistance catalane au franquisme madrilène alors que les barcelonais non catalans ont leur propre club l’« Espagnol de Barcelone ». Marseille au contraire est une ville unitaire où les quartiers populaires sont dans la ville et où un seul club, l’OM, mobilise à lui seul la fierté d’être Marseillais et contribue à intégrer des populations hétérogènes venues d’un peu partout.

Mais le football, sport planétaire, n’échappe pas aux évolutions, aux crises, aux fractures que le monde traverse. Les affrontement violents entre supporters, parfois d’un même club, expriment le mal être social d’une grande partie de la jeunesse. Le poids des enjeux médiatiques et surtout financiers, n’est pas sans effets sur ce sport. Des clubs gérés désormais comme des entreprises capitalistes, certaines cotées en Bourse où la rentabilité devient le premier critère au détriment de leur ancrage populaire et de leurs liens avec leurs supporters ; un jeu de plus en plus dur avec moins de créativité et de buts ; des joueurs starisés, transformés en mercenaires, achetés et vendus à des prix exorbitants. Tout cela doit alerter, rendre vigilants et appeler à une mobilisation de ceux qui veulent que le football redevienne le bien commun des passionnés, une école de l’effort et de la solidarité, une manière humaine de vivre ensemble, un rêve que l’on peut lire dans les yeux des enfants.

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