jeudi 24 février 2011

Retraite : un nouvel âge de la vie, un choix de civilisation

C’est un fait majoritairement ressenti par nos concitoyens, le projet gouvernemental sur les retraites, est profondément et scandaleusement, injuste dans ses objectifs comme dans son financement.

Dans ce cas comme dans d’autres, Nicolas Sarkozy fait l’inverse de Robin des bois : il vole aux pauvres pour donner aux riches. Plus sérieusement, les gains considérables de productivité que la société française a engrangé ces dernières décennies grâce aux efforts et à la qualité du travail de tous n’ont pas profité pour l’essentiel au salariat mais au capital. C’est le résultat des choix politiques de ces trente dernières années, des choix foncièrement inégalitaires.

Mais allons plus loin sur ce terrain social : le débat sur les retraites relève, osons le mot, d’un choix de civilisation. La société a en effet considérablement évoluée et le mot « retraite » ne correspond plus à la réalité des pratiques sociales qu’il recouvre. Celui-ci aujourd’hui est un temps d’épanouissement individuel, de bénévolat social, humanitaire, écologique, de participation intense à des réseaux sociaux familiaux, amicaux, associatif.

Ce temps, loin d’une mise en retrait(e) de la vie s’apparente à de nouvelles activités, à nouveau rapport à soi même et aux autres, à la connaissance, à la culture et aux loisirs.

Cette réalité sociologique nouvelle trouve une traduction que toutes les études quantifient : le poids économique et social de ceux qu’on a pris l’habitude d’appeler les séniors, est considérable. Nous assistons à l’émergence d’un fait de civilisation profondément novateur et potentiellement émancipateur s’il n’était entravé par la crise systémique. Tout se passe comme si la vie humaine se redéfinissait autour de 3 grandes périodes : celle de la naissance à la socialisation et à la formation initiale préparant l’entrée dans la vie professionnelle ; 2e période où le travail occupe un place éminente au détriment parfois des autres aspects de la vie ; enfin une 3e période où, mettant à distance les contraintes quotidiennes imposées par la vie professionnelle, les individus ont la possibilité de vivre une nouvelle vie ancrée dans des aspirations personnelles nourries de toutes les connaissances et expériences accumulées.

Bien sûr, ce schéma émergeant, se heurte de plein fouet au capitalisme en crise. Celui-ci enferme les individus et les territoires, le travail et les savoirs, les pratiques et les imaginaires, dans le carcan des exploitations, des dominations et des aliénations générées par la marchandisation de la condition humaine comme de la nature.

Le projet de loi gouvernemental sur les retraites s’inscrit dans ce cadre et s’oppose à cette évolution possible et souhaitée. Ce n’est pas un hasard si les français et d’autres peuples européens refusent tout ce qui empêche l’essor de cette conception nouvelle du 3e âge de la vie : le recul de l’âge de départ, l’allongement de la durée de cotisations, le faible niveau des pensions s’opposent en effet à la réalisation de ce droit fondamental pour tous.

La bataille des retraites n’est pas une affaire comptable ou démographique. C’est un combat pour nouvel essor de l’émancipation humaine, une avancée de civilisation.

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