jeudi 24 février 2011

Retour sur les Bleus : que cache la démagogie populiste ?

Le déferlement de haine à l’égard des joueurs de l’équipe de France de football pose de sérieuses questions : modèle d’intégration hier ils seraient devenus aujourd’hui « une bande de caïds immatures et de gamins apeurés » dixit la Ministre Bachelot.

Le philosophe Fikielkraut parle de « divisions éthiques et religieuses » et s’en prend à ces « enfants d’immigrés qui refusent de chanter La Marseillaise et parlent mal le français ». M. Fikielkraut parle un français châtié mais il le fait à la manière raciste de M. Le Pen, qui repose sur la haine de ceux qui pensent que « quand il y a un, ça va, c’est quand ils sont nombreux… » pour citer notre Ministre de l’Intérieur condamné par la justice pour propos xénophobe.

Ca suffit, n’en jetez plus ! la démagogie populiste doit cesser. Elle est dangereuse pour la démocratie. La grève des joueurs, suite à l’exclusion d’Anelka, était certes maladroite, mais serait-il interdit aux joueurs de s’exprimer ? Ce sont de grands garçons talentueux qui jouent brillamment et sans problèmes dans les plus grands clubs français et européens mais ce ne sont que des joueurs de football.

En 1998 les Bleus, ne chantaient pas plus La Marseillaise. Oui me direz-vous mais ils gagnaient…

Et si c’était ça le problème ? Tous les observateurs avertis du football voyaient venir depuis au moins 4 ans le désastre : la gestion sportive et humaine calamiteuse de la sélection, l’absence de projet sportif, le maintien d’un entraîneur totalement dénué d’une philosophie de jeu, les piètres matchs depuis l’Euro 2008 ont produit le résultat sportif que nous savons, et creusé le fossé avec les français.

Suffit-il alors de s’en remettre au Chevalier (Laurent) Blanc ? Sans doute pour une part oui. Mais n’oublions pas que si la FFF, avec la complicité de la ligue professionnelle et du ministère, a négligé le projet sportif, elle l’a fait au profit d’une gestion financière et managériale de l’institution. Les grands faits de gloire de ces messieurs s’appellent contrat TV mirobolant, sponsoring exorbitant avec Nike, lancement des paris en lignes… Ils ont tout simplement oublié que la FFF est une délégation de service public dont la mission est de soutenir le football amateur, ses bénévoles et ses clubs, d’organiser la formation des jeunes et des éducateurs et de faire des Bleus la vitrine de cette politique. Ne jetons pas le bébé avec l’eau sale du bain.

Et si cette campagne nauséabonde a pour raison d’être, d’en finir avec cette mission de service public, de retirer à la FFF la gestion des Bleus pour la confier aux géants de la finance, de la communication et des industries sportives, pour en faire encore plus une machine à profit. Si le fric a envahi et pourrit le foot, y compris les joueurs, ce n’est quand même pas d’abord leur faute mais celle d’un système qui les a mis hors du monde réel.

Il faut revenir à une chose simple : le football est un révélateur social mais ce n’est qu’un sport. A ce titre, il peut véhiculer des valeurs de solidarité, d’émulation, de respect de l’autre, et d’apprentissage du vivre ensemble. Encore faut-il en faire les valeurs fortes d’une FFF qui doit retrouver sa mission de servie public.

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