jeudi 24 février 2011

Tunisie, Egypte… En finir avec la fin de l’histoire et le choc des civilisations

« Est-ce une révolte ? » demandait Louis XVI le 14 juillet 1789, « non Sire c’est une révolution » lui a-t-on répondu.

Après la Tunisie, l’Egypte : chaque fois ce n’est pas l’invocation d’Allah qui guide ces peuples, c’est l’aspiration irrépressible à la démocratie et à la liberté, à la justice sociale et la dignité, à l’égalité et à la fin des privilèges.

L’occident a longtemps été complice des dictatures en avançant deux arguments balayés par les mouvements en cours dans ces 2 pays : seul un régime autoritaire, nous disait-on, peut s’opposer à l’intégrisme islamiste présenté comme le danger suprême, et les peuples arabes, peut être pour les mêmes raisons, n’étaient pas mûr pour accéder à la démocratie. Un 3e argument, inavoué celui-là mais bien réel, est que ces régimes sont les meilleurs alliés de l’occident parce qu’ils mettent en œuvre docilement les directives du FMI et de l’OMC. C’est d’ailleurs la crise mondiale renchérissant considérablement les prix alimentaires, qui a nourri l’exaspération des masses délaissées, des jeunes sans avenir, des intellectuels ou des femmes bâillonnées. Mais, chose nouvelle, les valeurs qu’ils mettent en avant pour refuser le malheur sont des valeurs universelles aux peuples d’orient et d’occident, celles de liberté, d’égalité, de fraternité.

Les révolutions tunisiennes et égyptiennes sont d’une importance extrême. Si elles réussissent elles permettront des avancées sociales et démocratiques pour leurs populations mais pas seulement. Elles peuvent être le signal politique qu’à l’échelle mondiale, nous atteignons la fin d’un cycle. Celui qui a commencé après la chute du mur de Berlin, l’effondrement du soviétisme et le triomphe du capitalisme. On nous a alors parlé de la fin de l’histoire, d’absence d’alternative à l’omniprésence du marché, l’économie devant s’imposer au politique. On nous a démontré sur tous les tons que les choses étant mondiales la démocratie, à cette échelle, était impossible et n’avait plus son mot à dire face aux lois « naturelles » de la finance. L’Europe a donné l’exemple en mettant en place des institutions dont les peuples sont écartés, les USA ont imposé la loi occidentale de l’Afghanistan à l’Irak, de Gaza à Guantanamo et le G8, la loi d’airain des marchés financiers. Le prétendu « choc des civilisations » en a été le prétexte. L’Islam a remplacé le communisme comme ennemi public numéro 1 et la lutte contre le terrorisme le faux semblant qui oblige à ce que rien ne bouge.

Et si le 21e siècle naissant annonçait une toute autre perspective, la reprise d’une histoire dont la trame explicative ne serait plus l’affrontement des identités mais la soif de démocratie, de justice sociale, d’émancipation humaine, de coopération mondiale pour un codéveloppement durable et solidaire ? Je rêve ? Après les peuples d’Amérique Latine par les urnes, les peuples arabes par leurs luttes courageuses montrent que c’est possible.

Plus que jamais, je le répète, ce sont les peuples qui font l’histoire. Puissent les européens entendrent la leçon, reprendre le fil interrompu de leur propre histoire et réinventer une démocratie nouvelle contre les oligarchies qui nous gouvernent.

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