lundi 5 décembre 2011

L’imposture Marine Le Pen

Marine Le Pen vient de présenter les grandes lignes de son programme en vue de l’élection présidentielle. Une lecture attentive de sa démarche et de ses propositions essentielles permet de démonter la formidable escroquerie intellectuelle qui a consisté à faire croire à une métamorphose « sociale » du Front National. En réalité le projet de la fille Le Pen présente sur le fond très peu de différences avec celui de son père. Elle a simplement procédé d’une part à des modifications sémantiques (priorité au lieu de préférence nationale par exemple) et d’autre part à une adaptation à l’évolution de la France, de l’Europe et du monde (ainsi l’islamophobie a succédé à l’antisémitisme).
Contrairement aux allégations scandaleuses de certains médias qui filent volontiers la métaphore du « parallélisme des extrêmes », son programme est l’exact contraire du Front de Gauche. Il se situe clairement à droite dans une perspective autoritaire et ultralibérale, populiste et néoconservatrice, très proche des thèses actuelles de N. Sarkozy, qu’il a lui-même pour une part emprunté au Front National. La porosité des électorats UMP et FN, comme les rapprochements entre « la droite populaire » et les clubs proches du FN (le GRECE, le club de l’horloge) ouvre désormais la voie d’une alliance future.
Dans les limites de cette chronique examinons quelques aspects du programme présentés par Marine Le Pen :
Elle souhaite un « Etat fort » dans ses missions régaliennes (la police, la justice et l’armée seuls postes budgétaires qu’elle veut augmenter) mais non interventionniste sur le plan économique en totale cohérence avec les thèses libérales. De même concernant la dette publique où ses seules propositions sont de lutter contre la fraude sociale et les prétendues charges induites par l’accueil des immigrés. (Rappelons que toutes les études montrent que la différence entre les coûts sociaux des immigrés et leur apport fiscal est au bénéfice de l’Etat pour plus de 12 milliards d’euros). Pas un mot par contre sur l’absence de justice fiscale.
L’axe majeur de son projet, la priorité nationale, lui permet de promettre aux français des logements, des écoles et des hôpitaux… au détriment bien sûr des immigrés ; diviser les victimes et stigmatiser les plus pauvres n’a jamais défini une politique sociale. C’est même l’inverse car pendant ce temps les riches peuvent dormir tranquilles et Marine Le Pen n’a pas de mots assez durs contre les syndicats et l’action collective.
Sur l’Europe c’est le repli sur nos frontières et la sortie de l’Euro. Cette thèse est dangereuse car loin de s’opposer au cancer de la financiarisation capitaliste elle dénonce le « mondialisme ». Ce concept flou ne désigne absolument pas les marchés financiers mais déchaine les nationalismes dans une Europe qu’elle espère éclatée et où la guerre économique entre ses membres aurait des conséquences désastreuses sur le plan social avec des risques de guerre tout court.
Il est urgent de dénoncer l’imposture de Marine Le Pen qui consiste à présenter le FN comme le « parti du peuple », hors du « système » alors que le FN en est sa figure la plus réactionnaire.

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