lundi 12 décembre 2011

Sarkozy à Toulon : le retour

« Ma France c’est celle où l’Etat ne laisse personne dans la détresse, tend la main à l’enfant pauvre, au malade, au handicapé, à la personne âgée dépendante, accompagne ceux qui veulent s’en sortir ». N. Sarkozy, Toulon 2008. Trois ans plus tard il y revient pour distiller la peur et la rigueur. Il promet 10 ans d’austérité et une règle d’or pour toute l’Europe dont la nouvelle gouvernance aura pour mission d’imposer à chaque Etat membre le même programme antisocial (baisse des prestations sociales et de la dépense publique, augmentation de l’âge d’accès à la retraite, démantèlement de la protection en matière de santé…). C’est le modèle social français et ses acquis récents (35 h, retraite à 60 ans) qu’il accuse d’être à l’origine de l’état du pays comme si la droite ne le gérait pas depuis près de 10 ans. Pourtant en 2008 il disait aussi à Toulon que « dans la situation où se trouve l’économie, je ne conduirai pas une politique d’austérité qui aggraverait la récession ! » Il dénonçait le capitalisme qu’il voulait moraliser voir refonder. « L’idée de la toute puissance des marchés financiers qui ne devraient être contrariés par aucune règle, par aucune intervention politique est une idée folle ». Toulon 2011 c’est le virage à 180e : il annonce un nouveau traité européen encore plus autoritaire, un gouvernement économique « intergouvernemental » destiné à rassurer les marchés financiers. Il leur promet que la BCE restera indépendante, c'est-à-dire dépendante des banques qu’elle pourra renflouer.  Mais elle continuera de refuser de garantir les prêts aux Etats, de les soustraire à la loi des marchés et au contrôle des agences de notation dont Sarkozy disait en 2008 « qu’il va falloir les contrôler car elles ont été défaillantes » !
Au fait pourquoi ces agences notent-elles les Etats et pas les grandes entreprises qui licencient, délocalisent, ruinent des régions entières ?
De 2008 à 2011 souvent Sarkozy varie, à ceci près que le discours de 2008 n’a jamais été appliqué alors que celui de 2011 est déjà à l’œuvre. Un thème leur est commun : les attaques xénophobes contre les immigrés accusés de tous les maux. Telle Marine Le Pen, après qui il court, il distille la peur de l’étranger, qui pillerait notre sécurité sociale et aggraverait l’insécurité.
Face à cela que faire ? De la germanophobie dédouanant ainsi Sarkozy ? Il faut combattre Mme Merkel non parce qu’elle est allemande mais parce qu’elle est de droite et applique la même politique : celle du traité de Lisbonne que pourtant François Hollande a approuvé. Là se trouve l’origine du mal. C’est dans la construction d’une autre Europe, sociale, démocratique et écologique qu’il faut engager la gauche française et européenne.
Faut il faire alliance avec François Bayrou le « concombre masqué » de la droite libérale ou rassembler la gauche sur une politique de rupture avec le libéralisme ? Faut-il inventer « l’austérité de gauche » ou rompre avec le cycle infernal de la récession ? C’est à Bordeaux et non à Toulon que l’espoir est né. Le discours de Jean-Luc Mélenchon est fondateur d’autre chose et le programme défendu par le Front de Gauche commence à être entendu.


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