Marseille en
cette fin août est à nouveau dans l’actualité médiatique. Est-ce dû aux
évènements artistiques qui jalonnent la capitale européenne de la
culture ? Que nenni !
Si le
Premier Ministre, au calendrier très chargé, a estimé utile de venir dans la
cité phocéenne accompagné de 5 Ministres, c’est encore une fois pour réagir à
des actes dramatiques qui n’ont d’ailleurs rien à voir entre eux.
A nouveau
les responsables politiques locaux (à l’exception notable de Jean-Marc Coppola
qui a préconisé un plan d’urgence en faveur de la jeunesse marseillaise) ont
demandé plus de moyens pour la police dans un débat exclusivement tourné vers
le sécuritaire.
A nouveau la
réponse du gouvernement a été de rajouter des enquêteurs aux enquêteurs et des
CRS aux CRS. Au risque de me répéter, je voudrais rappeler, face à une
situation compliquée, quelques idées simples :
- L’action policière indispensable mais
qui ne s’appuie pas sur une démarche politique globale affrontant toutes les questions
sociales, de l’éducation à l’emploi, de la culture au logement, est vouée à
l’échec. Poursuivre dans cette voie, théorisée par Nicolas Sarkozy est
quoiqu’en dise M. Valls moralement et politiquement douteux mais aussi
totalement inefficace.
Pour au
moins deux raisons :
- En premier lieu le trafic de drogue,
à l’origine de la criminalité marseillaise n’est pas traité à l’échelle où IL
devrait l’être.
Il faudrait
le faire en amont en démantelant les systèmes de fourniture et de distribution
de la drogue, en aval ceux qui gèrent le blanchiment de l’argent issu de cette
économie illégale. Dans les deux cas ce n’est pas seulement dans les cités
populaires à Marseille qu’il faut agir mais à une toute autre échelle
européenne et mondiale. Tous les spécialistes savent que l’économie de la
drogue ne se résume pas aux petits dealers de quartiers mais à des mafias
financières, pas toujours occultes et parfois liés à des groupes ayant pignon
sur rue, qui exploitent les paradis artificiels pour mieux alimenter les
paradis fiscaux. Pourquoi ne le fait-on pas et qui protège-t-on ?
En second
lieu l’économie de la drogue existe là où l’économie réelle n’existe plus. Plus
largement la violence criminelle n’est que le symptôme spectaculaire d’une
autre violence : celle qui est faite aux chômeurs, aux précaires, aux
jeunes exclus du système scolaire, aux enfants d’immigrés victimes d’une double
discrimination, aux femmes battues ou violées, aux populations et aux
territoires abandonnés à la misère sociale, culturelle et affective.
Est-ce
angélique que de dénoncer cet état de fait ? Est-ce être de gauche que de
s’en accommoder ?
Rappelons
que Marseille n’est pas une ville pauvre, c’est une ville profondément
inégalitaire qui entretient une polarité sociale et spatiale entre ceux qui
survivent dans des cités et des quartiers dits sensibles et ceux qui s’acquittent
d’une fiscalité révélatrice des richesses présentes dans cette ville. Parce que
les moyens existent, ici comme ailleurs, pour mener une politique qui s’attaque
aux racines économiques et sociales du mal endémique qui nourrit violence et
criminalité.
Et là,
Messieurs Ayrault et Valls, il faut être de gauche pour la mettre en œuvre.
* « on
prend les mêmes et on recommence »
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