mardi 1 octobre 2013

Marseille « bis répétita placent» *

Marseille en cette fin août est à nouveau dans l’actualité médiatique. Est-ce dû aux évènements artistiques qui jalonnent la capitale européenne de la culture ? Que nenni !

Si le Premier Ministre, au calendrier très chargé, a estimé utile de venir dans la cité phocéenne accompagné de 5 Ministres, c’est encore une fois pour réagir à des actes dramatiques qui n’ont d’ailleurs rien à voir entre eux.

A nouveau les responsables politiques locaux (à l’exception notable de Jean-Marc Coppola qui a préconisé un plan d’urgence en faveur de la jeunesse marseillaise) ont demandé plus de moyens pour la police dans un débat exclusivement tourné vers le sécuritaire.

A nouveau la réponse du gouvernement a été de rajouter des enquêteurs aux enquêteurs et des CRS aux CRS. Au risque de me répéter, je voudrais rappeler, face à une situation compliquée, quelques idées simples :

-      L’action policière indispensable mais qui ne s’appuie pas sur une démarche politique globale affrontant toutes les questions sociales, de l’éducation à l’emploi, de la culture au logement, est vouée à l’échec. Poursuivre dans cette voie, théorisée par Nicolas Sarkozy est quoiqu’en dise M. Valls moralement et politiquement douteux mais aussi totalement inefficace.

Pour au moins deux raisons :

-      En premier lieu le trafic de drogue, à l’origine de la criminalité marseillaise n’est pas traité à l’échelle où IL devrait l’être.

Il faudrait le faire en amont en démantelant les systèmes de fourniture et de distribution de la drogue, en aval ceux qui gèrent le blanchiment de l’argent issu de cette économie illégale. Dans les deux cas ce n’est pas seulement dans les cités populaires à Marseille qu’il faut agir mais à une toute autre échelle européenne et mondiale. Tous les spécialistes savent que l’économie de la drogue ne se résume pas aux petits dealers de quartiers mais à des mafias financières, pas toujours occultes et parfois liés à des groupes ayant pignon sur rue, qui exploitent les paradis artificiels pour mieux alimenter les paradis fiscaux. Pourquoi ne le fait-on pas et qui protège-t-on ?

En second lieu l’économie de la drogue existe là où l’économie réelle n’existe plus. Plus largement la violence criminelle n’est que le symptôme spectaculaire d’une autre violence : celle qui est faite aux chômeurs, aux précaires, aux jeunes exclus du système scolaire, aux enfants d’immigrés victimes d’une double discrimination, aux femmes battues ou violées, aux populations et aux territoires abandonnés à la misère sociale, culturelle et affective.

Est-ce angélique que de dénoncer cet état de fait ? Est-ce être de gauche que de s’en accommoder ?

Rappelons que Marseille n’est pas une ville pauvre, c’est une ville profondément inégalitaire qui entretient une polarité sociale et spatiale entre ceux qui survivent dans des cités et des quartiers dits sensibles et ceux qui s’acquittent d’une fiscalité révélatrice des richesses présentes dans cette ville. Parce que les moyens existent, ici comme ailleurs, pour mener une politique qui s’attaque aux racines économiques et sociales du mal endémique qui nourrit violence et criminalité.

Et là, Messieurs Ayrault et Valls, il faut être de gauche pour la mettre en œuvre.

 

* « on prend les mêmes et on recommence »

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