C’est sur ce
cri du Pape François que je veux commencer cette chronique sur les menaces
d’intervention en Syrie. Car je pense qu’il s’agit de la seule réponse à tous
ceux qui veulent nous entrainer dans ce cycle infernal que définit fort bien le
Pape : «la guerre appelle la guerre, la violence appelle la
violence ».
Quand
François Hollande se recueille à Oradour et se sert du massacre perpétré par
les nazis pour justifier ses velléités guerrières en Syrie cela relève d’une
sorte de malhonnêteté intellectuelle. Surtout aux côtés du Président de la
République Allemande dont le pays refuse de se laisser entrainer dans le
conflit.
Le seul
enseignement d’Oradour c’est celui que Plantu rappelle dans le Monde quand il
dessine la Colombe de Picasso tirant un calicot sur lequel est écrit
« Plus jamais ça ».
C’est en
effet l’unique morale de ce drame. Elle devrait nous interdire tout
bombardement sur la Syrie qui ne ferait qu’ajouter d’autres Oradour à une liste
hélas trop longue. Vision angélique des choses ? Je ne le crois pas.
D’abord
parce que cela créerait un précédent dangereux : une intervention sans
mandat de l’ONU, contre l’avis des peuples et de la majorité des nations, c’est
la porte ouverte à tous les arbitraires. N’importe quel Etat pourrait s’appuyer
sur cette jurisprudence pour attaquer un autre pays. Ce serait le retour de la
loi de la jungle, du plus fort, voire celle du talion.
Qui peut
aujourd’hui prétendre s’arroger le droit de punir ? Un Etat ou une justice
mandatée par la communauté internationale ? Le droit de punir par la
guerre s’apparente à l’existence de la peine de mort. Or nous avons aboli la
peine de mort précisément parce qu’une société civilisée ne doit pas punir en
utilisant la même violence mais elle doit juger en offrant une alternative à cette
violence.
Là est la
question de fond : dans quel monde voulons-nous vivre ?
Ne faut-il
pas substituer à la politique de la force, la force de la politique ? Le
temps n’est-il pas venu de bannir la guerre, de bâtir un monde et une
civilisation humaine où l’on décide de
résoudre les conflits par la négociation, le débat et le compromis politique.
Le monde s’est mondialisé mais sa gouvernance s’apparente encore à celle des 2
siècles précédents.
N’est-il pas
temps de refonder et de démocratiser l’ONU, de créer des instances
internationales où toutes les nations seraient également représentées. N’est-il
pas temps enfin d’engager le monde dans la voie de la paix qui permettrait de
consacrer toutes nos énergies et nos moyens à coopérer pour répondre aux grands
défis planétaires : faire reculer la misère, préserver notre écosystème,
promouvoir la santé, l’éducation et la culture, faire triompher la démocratie
partout.
Je
rêve ? Pas plus que Martin Luther King quand il lançait son fameux :
« I have a dream » !
Pas plus que
Nelson Mandela quand il appelait à la fin de l’apartheid et à la réconciliation
des suds africains !
Dernière
remarque : comment la décision de faire ou non la guerre peut-elle être
prise par un homme seul ? Le refus de faire voter le Parlement montre le
degré de délitement de notre république. L’urgence de réconcilier république et
démocratie s’affirme chaque jour un peu plus.
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