mardi 18 mars 2014

Vivement la 6e République

Le bruit et la fureur politicienne autour des affaires d’écoutes de Nicolas Sarkozy est en train de prendre en otage les élections municipales. Mais c’est surtout un signe supplémentaire de la très grave crise que traversent notre institution républicaine et les formes d’exercice du pouvoir qui la caractérise.
A droite les cris de vierges effarouchées de l’UMP ne nous empêcherons pas de constater que la galaxie sarkozienne est prise la main dans le sac dans un nombre impressionnant de dossiers détournant la loi et la morale politique. Des soupçons de financement extérieur de la campagne électorale de Sarkozy à l’affaire Bettencourt, des surfacturations des meetings de la présidentielle par l’UMP elle-même à la collusion entre le pouvoir et une partie de la haute magistrature, la liste est longue des turpitudes et des scandales qui ont jalonné la République sarkozienne.
Du côté du gouvernement socialiste qui peut sérieusement croire que les ministres de la justice et de l’intérieur n’étaient au courant de rien ? L’affaire Cahuzac nous a instruits là aussi sur les mensonges d’Etat destinés à couvrir de véritables comportements délictueux.
Si Christiane Taubira ne s’est réellement pas mêlée de cette instruction judiciaire alors il faudra évoquer autre chose que la simple maladresse pour écarter le soupçon, s’agissant d’une des rares ministres de ce gouvernement dont l’action est appréciée à gauche.
C’est en effet un véritable sentiment de dégoût vis-à-vis de la politique qu’est en train de provoquer ce trop-plein nauséabond d’affaires  en tous genres.
Car le fond de la question est ailleurs : le pouvoir personnel sans limite qui caractérise la 5e République permet, sans aucun contrôle, cette collusion entre l’argent et la politique, entre le pouvoir et les forces qui agissent dans l’ombre pour orienter l’action publique dans le sens des intérêts privés.
Alors faut-il se résoudre, comme le font beaucoup d’observateurs, à ce que le FN ramasse la mise en exploitant ce sentiment légitime de dégoût ? Il n’y a aucune fatalité à cela, d’autant plus que nous savons que cela conduirait à une impasse. Marine le Pen renforcerait le caractère autoritaire et discrétionnaire d’un pouvoir qui serait de nature dictatoriale tout en demeurant au service des mêmes intérêts privés. La solution est encore moins à chercher dans le décrochage électoral, l’abstention ne sert jamais que les plus forts.
C’est vers une véritable révolution citoyenne qu’il faut s’orienter, une insurrection civique des consciences imposant une 6e République qui bannirait le pouvoir personnel, rétablirait le parlement dans son rôle, garantirait à la justice indépendance et liberté, introduirait une démocratie directe pour mieux contrôler et co-construire les politiques publiques, imposerait l’éthique et l’intérêt général contre le cynisme et l’immoralité de l’argent roi. Une République qui permettrait à chacune et à chacun de maîtriser son destin, de s’approprier les savoirs et les pouvoirs et d’exercer sa citoyenneté dans une démocratie réinventée.
Et si on commençait par les élections municipales en votant pour les listes de gauche porteuses d’une telle démarche ?

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