L’émotion
est très grande depuis l’annonce de la procédure qui doit conduire à la mise en
redressement judiciaire de la Marseillaise. J’ai personnellement vécu les coups
de fil angoissés, les mails spontanés de soutien, les demandes d’en faire plus,
pour que la Marseillaise continue d’exister et de porter la parole de celles et
ceux qui ne renoncent pas et luttent pour que l’espoir renaisse.
La crise que
traverse la Marseillaise est la même que celle qui frappe l’ensemble de la
presse ; mais qu’on ne vienne pas nous dire qu’elle est la conséquence
fatale de la révolution numérique. Celle-ci est tout autant culturelle que
technologique et elle ne condamne absolument pas les journaux. L’écrit, papier et
en ligne, ne s’opposent pas. Ils sont complémentaires à condition de les inscrire
dans un contexte politique qui garantissent la liberté, le pluralisme et l’existence
matérielle des médias, papiers, audiovisuel ou en ligne.
Aujourd’hui
ce n’est malheureusement pas le cas : d’une part la crise économique et
son corollaire la chute brutale des ressources publicitaires, accablent les
titres qui ne bénéficient pas des moyens dispensés par l’oligarchie
financière : le Monde, le Nouvel-Observateur, Libération et bien d’autres
titres survivent grâce à des « mécènes » qui ne sont pas si
philanthropes que ça. Les journalistes de Libération en savent quelque chose.
Le Figaro
doit sa fortune à Serge Dassault, fabricant et marchand d’armes, dont nous
venons d’apprendre que ses largesses s’étendent à ses électeurs de Corbeil-Essonnes.
Et je ne vous parle pas de Bernard Tapie, menace permanente pour les
journalistes de la Provence dont l’avenir est désormais suspendu aux
tribulations judiciaires de leur patron.
Dans tous
les cas de figure ces investissements ne sont pas sans arrières pensées
politiques et idéologiques au service de la « pensée unique ». Celle
qui est sûr que le capitalisme constitue la fin de l’histoire.
D’autre part
les gouvernements d’aujourd’hui et d’hier se sont acharnés à dresser des
obstacles devant les journaux dits « d’opinions », comme si les
autres n’en avaient pas. Ils ont organisé la présence massive dans les médias
audiovisuels « des chiens de garde » de la pensée libérale et depuis
peu de la rhétorique populiste avec l’omniprésence d’Éric Zemmour.
Dans ce
cadre la Marseillaise subit une double peine : celle qui frappe tous les
journaux, singulièrement la presse quotidienne régionale tel Nice-Matin dont il
faut saluer le courage de son personnel à s’engager dans une coopérative ;
celle qui atteint les fameux journaux « d’opinions », ceux qui
s’opposent à l’air du temps, aux politiques d’austérité et à la vague brune qui,
d’Estrosi à la famille Le Pen, s’abattent sur notre région. Relevons ensemble ce
défi avec la Marseillaise, journal issu de Résistance, dont le nom porte
fièrement les valeurs universelles d’égalité, de liberté et de fraternité de la
Révolution française, qui est devenu le porte-voix de tous ceux qui luttent au
quotidien, de tous ceux à gauche qui rêvent d’un autre monde.
Agir pour
que vive la Marseillaise est donc essentiel pour résister aujourd’hui et
préparer l’alternative de demain. Il s’agit de défendre la démocratie et le
pluralisme et de faire vivre dans notre midi méditerranéen, terre de résistance
et de partage, un espace progressiste d’expression et de confrontation des
informations, des idées et des cultures.
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