vendredi 28 novembre 2014

Pour que vive la Marseillaise

L’émotion est très grande depuis l’annonce de la procédure qui doit conduire à la mise en redressement judiciaire de la Marseillaise. J’ai personnellement vécu les coups de fil angoissés, les mails spontanés de soutien, les demandes d’en faire plus, pour que la Marseillaise continue d’exister et de porter la parole de celles et ceux qui ne renoncent pas et luttent pour que l’espoir renaisse.
La crise que traverse la Marseillaise est la même que celle qui frappe l’ensemble de la presse ; mais qu’on ne vienne pas nous dire qu’elle est la conséquence fatale de la révolution numérique. Celle-ci est tout autant culturelle que technologique et elle ne condamne absolument pas les journaux. L’écrit, papier et en ligne, ne s’opposent pas. Ils sont complémentaires à condition de les inscrire dans un contexte politique qui garantissent la liberté, le pluralisme et l’existence matérielle des médias, papiers, audiovisuel ou en ligne.
Aujourd’hui ce n’est malheureusement pas le cas : d’une part la crise économique et son corollaire la chute brutale des ressources publicitaires, accablent les titres qui ne bénéficient pas des moyens dispensés par l’oligarchie financière : le Monde, le Nouvel-Observateur, Libération et bien d’autres titres survivent grâce à des « mécènes » qui ne sont pas si philanthropes que ça. Les journalistes de Libération en savent quelque chose.
Le Figaro doit sa fortune à Serge Dassault, fabricant et marchand d’armes, dont nous venons d’apprendre que ses largesses s’étendent à ses électeurs de Corbeil-Essonnes. Et je ne vous parle pas de Bernard Tapie, menace permanente pour les journalistes de la Provence dont l’avenir est désormais suspendu aux tribulations judiciaires de leur patron.
Dans tous les cas de figure ces investissements ne sont pas sans arrières pensées politiques et idéologiques au service de la « pensée unique ». Celle qui est sûr que le capitalisme constitue la fin de l’histoire.
D’autre part les gouvernements d’aujourd’hui et d’hier se sont acharnés à dresser des obstacles devant les journaux dits « d’opinions », comme si les autres n’en avaient pas. Ils ont organisé la présence massive dans les médias audiovisuels « des chiens de garde » de la pensée libérale et depuis peu de la rhétorique populiste avec l’omniprésence d’Éric Zemmour.
Dans ce cadre la Marseillaise subit une double peine : celle qui frappe tous les journaux, singulièrement la presse quotidienne régionale tel Nice-Matin dont il faut saluer le courage de son personnel à s’engager dans une coopérative ; celle qui atteint les fameux journaux « d’opinions », ceux qui s’opposent à l’air du temps, aux politiques d’austérité et à la vague brune qui, d’Estrosi à la famille Le Pen, s’abattent sur notre région. Relevons ensemble ce défi avec la Marseillaise, journal issu de Résistance, dont le nom porte fièrement les valeurs universelles d’égalité, de liberté et de fraternité de la Révolution française, qui est devenu le porte-voix de tous ceux qui luttent au quotidien, de tous ceux à gauche qui rêvent d’un autre monde.
Agir pour que vive la Marseillaise est donc essentiel pour résister aujourd’hui et préparer l’alternative de demain. Il s’agit de défendre la démocratie et le pluralisme et de faire vivre dans notre midi méditerranéen, terre de résistance et de partage, un espace progressiste d’expression et de confrontation des informations, des idées et des cultures.

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