vendredi 12 décembre 2014

Demain la Palestine

A une très large majorité l’Assemblée Nationale a invité le gouvernement à « reconnaitre l’Etat de Palestine ».
C’est un acte politique majeur d’autant plus qu’il vient après le vote analogue de la Chambre des Communes Britannique, des Cortes Espagnols, après la décision du gouvernement suédois de reconnaitre la Palestine comme 135 pays dans le monde l’on déjà fait.
Les médias français la semaine dernière, chose incroyable quand on sait qu’une majorité de français y est favorable, ont traité cette initiative avec mépris, la qualifiant de dérisoire, considérant que l’aspiration du peuple palestinien à son indépendance était hors de saison voire à jeter aux oubliettes de l’histoire.
Comme si cette perspective n’était pas prévue par toutes les résolutions de l’ONU depuis 1948, ou encore qu’elle fût à la merci du seul gouvernement israélien. Ces journalistes sous-estiment manifestement la désapprobation universelle à l’égard du comportement unilatéral, obstiné et brutal du gouvernement israélien.
Le climat ultra nationaliste, raciste et fondamentaliste qui règne en Israël est en effet très inquiétant. Le comportement irresponsable du Premier Ministre, sa dissolution de la Knesset et sa volonté de s’allier à l’extrême-droite et aux orthodoxes religieux, leur ambition commune de faire d’Israël « l’Etat nation du peuple juif » qui fera de 25 % de sa population des citoyens de seconde zone, enfin la poursuite de la colonisation des terres palestiniennes ne peut conduire qu’à une nouvelle catastrophe dans un Moyen-Orient totalement déstabilisé. Tout se passe comme si le djihadisme, barbarie des temps modernes, trouvait en Israël un écho tout aussi obscurantiste. Les extrêmes se nourrissent entre elles pour mieux verrouiller toute perspective de paix et de règlement négocié de cette guerre de cent ans.
Mais cet aveuglement partagé ne pourra pas masquer longtemps une idée simple : il n’y a d’avenir pour Israël au Moyen-Orient que dans la cohabitation pacifique avec un Etat de Palestine viable, au sein des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Il en va de même avec l’ensemble de ses voisins arabes. Que les dirigeants actuels d’Israël le veuillent ou non, le Moyen-Orient est leur environnement géopolitique, naturel et durable, avec lequel il lui faut impérativement trouver les voies d’une reconnaissance mutuelle et d’une coopération sur tous les plans. Sans oublier l’urgence de renouer un dialogue interculturel respectueux de chacun et qui est sans aucun doute le plus sûr chemin pour espérer un avenir commun. Benjamin Netanyahou serait plus inspiré d’entendre l’appel des prix Nobel de la Paix mais aussi de ses propres intellectuels tel Elie Barnavi, Shlomo Sand ou Zeev Sternhell…
Mais si le gouvernement israélien persévérait dans son intransigeance il faudrait alors que l’ONU et la communauté internationale prennent leurs responsabilités et imposent la reconnaissance de l’Etat de Palestine, la fin de l’occupation israélienne tout en garantissant à la jeune nation les moyens de son existence.
Il y va de la paix et du développement en Méditerranée, notre espace commun d’hier et de demain, « ce cœur monochrome, ce monde identique de lumière » que décrit Fernand Braudel.

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