A une très
large majorité l’Assemblée Nationale a invité le gouvernement à
« reconnaitre l’Etat de Palestine ».
C’est un
acte politique majeur d’autant plus qu’il vient après le vote analogue de la
Chambre des Communes Britannique, des Cortes Espagnols, après la décision du
gouvernement suédois de reconnaitre la Palestine comme 135 pays dans le monde
l’on déjà fait.
Les médias
français la semaine dernière, chose incroyable quand on sait qu’une majorité de
français y est favorable, ont traité cette initiative avec mépris, la qualifiant
de dérisoire, considérant que l’aspiration du peuple palestinien à son
indépendance était hors de saison voire à jeter aux oubliettes de l’histoire.
Comme si
cette perspective n’était pas prévue par toutes les résolutions de l’ONU depuis
1948, ou encore qu’elle fût à la merci du seul gouvernement israélien. Ces
journalistes sous-estiment manifestement la désapprobation universelle à
l’égard du comportement unilatéral, obstiné et brutal du gouvernement israélien.
Le climat ultra
nationaliste, raciste et fondamentaliste qui règne en Israël est en effet très
inquiétant. Le comportement irresponsable du Premier Ministre, sa dissolution
de la Knesset et sa volonté de s’allier à l’extrême-droite et aux orthodoxes religieux,
leur ambition commune de faire d’Israël « l’Etat nation du peuple juif »
qui fera de 25 % de sa population des citoyens de seconde zone, enfin la
poursuite de la colonisation des terres palestiniennes ne peut conduire qu’à
une nouvelle catastrophe dans un Moyen-Orient totalement déstabilisé. Tout se
passe comme si le djihadisme, barbarie des temps modernes, trouvait en Israël
un écho tout aussi obscurantiste. Les extrêmes se nourrissent entre elles pour
mieux verrouiller toute perspective de paix et de règlement négocié de cette
guerre de cent ans.
Mais cet
aveuglement partagé ne pourra pas masquer longtemps une idée simple : il
n’y a d’avenir pour Israël au Moyen-Orient que dans la cohabitation pacifique
avec un Etat de Palestine viable, au sein des frontières de 1967, avec
Jérusalem-Est pour capitale. Il en va de même avec l’ensemble de ses voisins
arabes. Que les dirigeants actuels d’Israël le veuillent ou non, le
Moyen-Orient est leur environnement géopolitique, naturel et durable, avec
lequel il lui faut impérativement trouver les voies d’une reconnaissance
mutuelle et d’une coopération sur tous les plans. Sans oublier l’urgence de renouer
un dialogue interculturel respectueux de chacun et qui est sans aucun doute le
plus sûr chemin pour espérer un avenir commun. Benjamin Netanyahou serait plus
inspiré d’entendre l’appel des prix Nobel de la Paix mais aussi de ses propres
intellectuels tel Elie Barnavi, Shlomo Sand ou Zeev Sternhell…
Mais si le
gouvernement israélien persévérait dans son intransigeance il faudrait alors
que l’ONU et la communauté internationale prennent leurs responsabilités et
imposent la reconnaissance de l’Etat de Palestine, la fin de l’occupation
israélienne tout en garantissant à la jeune nation les moyens de son existence.
Il y va de
la paix et du développement en Méditerranée, notre espace commun d’hier et de
demain, « ce cœur monochrome, ce monde identique de lumière » que
décrit Fernand Braudel.
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