mardi 6 janvier 2015

Le grand écart

Jamais pouvoir ne fut aussi schizophrène.
D’un côté nous avons un parti socialiste qui adopte une « charte pour le progrès humain », proclame sa fidélité au « socialisme » et face au capitalisme veut promouvoir un « nouvel internationalisme » capable « d’humaniser la mondialisation » « grâce au juste échange ». Devant « la rente improductive et la finance folle » le parti socialiste proclame sa volonté de former « l’alliance des producteurs ». Il veut « un Etat protecteur » qui réalise « sa promesse d’égalité ». Il veut une « alter Europe » pour «harmoniser les régimes sociaux et la fiscalité », et « une nouvelle croissance productive et coopérative ». La charte socialiste réaffirme son ambition de créer du pouvoir d’achat pour un « bien vivre », sa priorité à l’éducation et à la culture, l’urgente nécessité d’une « démocratie revivifiée » pour lutter contre « le désenchantement qu’exploitent les démagogues ».
De l’autre côté, nous avons un gouvernement, un Président et un Premier ministre socialistes qui pratiquent une politique à l’exacte opposée de ce que dit la charte adoptée par leur Parti qui porte toujours « ce beau nom de socialisme ».
Ce gouvernement « pro-business », qui « aime l’entreprise », entendez le Medef dont il satisfait tous les désirs : du CICE au pacte de responsabilité jusqu’à la loi Macron. Jamais la finance n’a été aussi bien traitée par un pouvoir qui prétendait hier que c’était son adversaire. La loi Macron veut sacrifier le repos dominical au profit des grandes surfaces commerciales et des zones touristiques internationales, libéraliser c’est-à-dire privatiser, les transports en autocar contre l’écologie et le service public de la SNCF incapable désormais de desservir nos territoires. Cette loi accélère la vente à la découpe et la spéculation immobilière contre le logement social.
La loi Macron en 106 articles est une bombe à fragmentation destinée à faire exploser le Code de travail, et à produire des régressions sociales contraires à tous les engagements pris. Et pour quel résultat ? Le Conseil d’Etat a déploré « le caractère lacunaire et les graves insuffisances de l’étude d’impact sur nombres de dispositions pour la croissance et l’activité » et l’INSEE nous rappelle que la production industrielle, le cœur d’une nouvelle croissance, recule encore. Entre juillet et septembre, la France a détruit 55200 emplois.
Par contre, selon une étude de la Banque de France les 80 principaux groupes de notre pays voient leur profit progresser de 29 à 33 milliards d’euros soit une hausse de 14 %, « avec des effets notables sur les dividendes ». Contrairement à ce que prétend M. Gattaz les impôts des sociétés ont été allégés de 0,7 milliards d’euros entre les 6 premiers mois de 2013 et de 2014 grâce au CICE accordé sans contrepartie par F. Hollande.
On le voit c’est le grand écart entre ce que dit la main gauche du pouvoir, le PS et ce que fait sa main droite, le gouvernement.
Vous avez dit bizarre ?
Prenons garde, si une immense fracture démocratique caractérise notre pays c’est l’électorat de gauche qui est le plus désorienté par cette schizophrénie politique. C’est la chronique annoncée d’une véritable catastrophe. Tous ceux qui à gauche en ont conscience doivent se mobiliser pour la conjurer.
 

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