Jamais
pouvoir ne fut aussi schizophrène.
D’un côté
nous avons un parti socialiste qui adopte une « charte pour le progrès
humain », proclame sa fidélité au « socialisme » et face au
capitalisme veut promouvoir un « nouvel internationalisme » capable
« d’humaniser la mondialisation » « grâce au juste
échange ». Devant « la rente improductive et la finance folle »
le parti socialiste proclame sa volonté de former « l’alliance des
producteurs ». Il veut « un Etat protecteur » qui réalise
« sa promesse d’égalité ». Il veut une « alter Europe » pour
«harmoniser les régimes sociaux et la fiscalité », et « une nouvelle
croissance productive et coopérative ». La charte socialiste réaffirme son
ambition de créer du pouvoir d’achat pour un « bien vivre », sa
priorité à l’éducation et à la culture, l’urgente nécessité d’une
« démocratie revivifiée » pour lutter contre « le
désenchantement qu’exploitent les démagogues ».
De l’autre côté,
nous avons un gouvernement, un Président et un Premier ministre socialistes qui
pratiquent une politique à l’exacte opposée de ce que dit la charte adoptée par
leur Parti qui porte toujours « ce beau nom de socialisme ».
Ce
gouvernement « pro-business », qui « aime l’entreprise »,
entendez le Medef dont il satisfait tous les désirs : du CICE au pacte de
responsabilité jusqu’à la loi Macron. Jamais la finance n’a été aussi bien
traitée par un pouvoir qui prétendait hier que c’était son adversaire. La loi
Macron veut sacrifier le repos dominical au profit des grandes surfaces
commerciales et des zones touristiques internationales, libéraliser
c’est-à-dire privatiser, les transports en autocar contre l’écologie et le
service public de la SNCF incapable désormais de desservir nos territoires. Cette
loi accélère la vente à la découpe et la spéculation immobilière contre le
logement social.
La loi
Macron en 106 articles est une bombe à fragmentation destinée à faire exploser
le Code de travail, et à produire des régressions sociales contraires à tous
les engagements pris. Et pour quel résultat ? Le Conseil d’Etat a déploré
« le caractère lacunaire et les graves insuffisances de l’étude d’impact
sur nombres de dispositions pour la croissance et l’activité » et l’INSEE
nous rappelle que la production industrielle, le cœur d’une nouvelle
croissance, recule encore. Entre juillet et septembre, la France a détruit
55200 emplois.
Par contre,
selon une étude de la Banque de France les 80 principaux groupes de notre pays
voient leur profit progresser de 29 à 33 milliards d’euros soit une hausse de
14 %, « avec des effets notables sur les dividendes ». Contrairement
à ce que prétend M. Gattaz les impôts des sociétés ont été allégés de 0,7
milliards d’euros entre les 6 premiers mois de 2013 et de 2014 grâce au CICE
accordé sans contrepartie par F. Hollande.
On le voit
c’est le grand écart entre ce que dit la main gauche du pouvoir, le PS et ce
que fait sa main droite, le gouvernement.
Vous avez
dit bizarre ?
Prenons
garde, si une immense fracture démocratique caractérise notre pays c’est
l’électorat de gauche qui est le plus désorienté par cette schizophrénie
politique. C’est la chronique annoncée d’une véritable catastrophe. Tous ceux
qui à gauche en ont conscience doivent se mobiliser pour la conjurer.
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