Un spectre
hante la France et l’Europe : des hordes d’immigrés nous envahiraient pour
profiter de notre protection sociale, s’attaquer à notre identité, voler nos
emplois et nos femmes !
En Allemagne
voici revenu le temps de la haine xénophobe, en Angleterre celui de l’isolement
insulaire. En France, des le Pen à Sarkozy, de Zemmour à Finkelkraut, de Soral
à Dieudonné, c’est le fantasme du « grand remplacement ». Au peuple
français de « souche » ( ?) blanc et chrétien se substitueraient
un peuple black-beur et musulman ! Espérons que le discours récent
d’Hollande, au demeurant fort timide, va calmer les Valls, Cazeneuve et autre
Joffrin qui n’ont pas hésité à participer à ce concert crépusculaire, légitimant
la sinistre musique lepéniste.
Car le
fantasme est à l’exact opposé de la réalité : les migrations concernent
aujourd’hui 3,1 % de la population mondiale alors qu’en 1900 elle faisait
bouger 5 % de cette même population. Seul 35 % des migrants vont du Sud vers le
Nord, 40 % du Sud vers le Sud et le reste du Nord vers le Sud. En France, de
1962 à aujourd’hui, le nombre d’immigrés a augmenté de 2 % et il entre en
France deux fois moins de migrants qu’en Allemagne, clandestins compris. Les
flux dans notre pays sont permanents depuis 10 ans. Sur environ 265000 migrants
qui viennent chez nous chaque année il y en a un peu plus de 90000 au titre du
regroupement familial, environ 18000 au titre des dérogations accordées aux
entreprises et aux exploitations agricoles, 75000 sont des étudiants et des
chercheurs et le reste relève de l’humanitaire et du droit d’asile.
C’est de
l’avis de tous ridiculement faible au regard des besoins. 45 % de ces entrants
sont des européens, 30 % viennent des pays du Maghreb et 10 % d’Afrique
subsaharienne. Vous avez dit invasion et « grand
remplacement » ?
Allons plus
loin : des études concordantes en Europe montrent que les étrangers, loin
de coûter, rapportent à la collectivité. En France durant la décennie 2000 les
étrangers ont payé 60 milliards de cotisations sociales et ont perçu en
prestations 48 milliards. La collectivité a donc bénéficié de 12
milliards !
Et je ne
vous parle pas des richesses qu’ils ont contribué à créer, de la démographie
dont ils ont réduit le déficit chronique, enfin de leur apport culturel,
artistique et sportif à notre pays.
Poussons
encore le raisonnement : alors que le capital circule librement pourquoi
cela serait-il interdit aux êtres humains ? Toutes les études s’accordent
à dire que si on ouvrait les frontières dans le cadre d’une coopération fondée
sur l’harmonisation par le haut des droits humains, cela bénéficierait à tous.
Les pays riches seraient obligés de repenser le monde sur un mode égalitaire,
cela ferait baisser les tensions et les guerres, inciterait à faire reculer les
égoïsmes nationaux, favoriserait la reconnaissance de l’autre, la relation et
le dialogue entre les cultures. Et contrairement aux idées reçues tous les
spécialistes pensent que cela ferait baisser le nombre de migrants. La
mondialisation se déclinerait à partir d’une trilogie que nous connaissons
bien : la liberté de circuler serait fondée sur l’égalité des droits et la
fraternité entre les êtres humains.
A propos de
fraternité, … bonnes fêtes et à l’an que ven !
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