Avec les
assassinats perpétrés au cœur de la rédaction de Charlie Hebdo, 2015 commence
sous le signe de l’horreur et de la barbarie.
Comment
réagir devant un acte dont la symbolique est terrifiante : des individus à
visage couvert, parlant un français impeccable, prétendant agir au nom d’une
religion, l’Islam, commettent le plus lâche des crimes, contre des
journalistes, figures majeures de la liberté et de la démocratie, en France,
pays des droits de l’homme.
Est-ce aussi
un hasard s’ils s’en sont pris à un journal clairement engagé à gauche dont
l’esprit libertaire et l’humour profondément humaniste fait le bonheur de
beaucoup. Comme tant d’ami(e)s que j’ai croisé en ces jours terribles, c’est
une immense douleur que je ressens. Un flot de souvenirs remontent : de la
Paulette de Wolinski au grand Duduche de Cabu en passant par l’acuité politique
dévastatrice des caricatures de Charb, ou encore les révoltes de Tignous…
Nous sommes
tous sous le choc et au bord des larmes. Mais prenons garde de nous laisser
abattre : Charlie vivra et nous ferons ce qu’il faut pour qu’il continue
de paraître.
A l’inverse
des lendemains du 11 septembre où, à la haine et la violence, ont répondu la
même haine et la même violence opposons à la barbarie l’esprit de résistance en
affirmant clairement que le racisme et le rejet de l’autre ne font pas partie
de notre manière d’être, de notre conception de la République et de la laïcité,
de notre vision du vivre ensemble.
Plus que
jamais, il faut dénoncer le climat délétère entretenu par Zemmour, Houellebecq,
Finkielkraut et par le FN qui n’a pas sa place dans un rassemblement qui veut
faire peuple commun, libre et fraternel. Non l’Islam n’est pas cette caricature
instrumentalisée par quelques fanatiques. Non l’Islam n’est pas cet épouvantail
que d’aucuns décrivent à longueur de livres outrageusement médiatisés par des
irresponsables.
Oui les
musulmans sont nos frères et nous sommes tous capables de vivre en bonne
intelligence quelques soient nos origines et nos croyances.
Inlassablement
il nous faut combattre les fauteurs de division, les fabricants de boucs
émissaires qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, la
crise sociale pour une crise d’identité, la lutte de classes pour une guerre de
religion.
N’ayons pas
peur. La peur est toujours mauvaise conseillère et de tous temps elle a été
l’instrument des puissants pour diviser les peuples et les maintenir dans
l’oppression. C’est vrai en France et en Europe où l’on voudrait bien déplacer
le combat contre l’austérité, vers la recherche de boucs émissaires.
C’est vrai
dans le monde où le terrorisme intégriste se réclamant scandaleusement de
l’Islam n’est qu’un vulgaire mais effrayant avatar de la tentation totalitaire
d’extrême droite. Celle de la loi du plus fort, de l’argent qui écrase tout, de
la soumission des femmes au vieil ordre patriarcal, de la haine de l’autre et
des valeurs obscurantistes.
Nous sommes
et nous devons rester, ici et dans le monde, les combattants de la liberté et
de la démocratie, de l’égalité et de la solidarité, de la fraternité et de
l’amour de l’humanité, de la mise en commun et du partage.
Les
rassemblements depuis mercredi, les millions de « je suis Charlie »,
la mobilisation partout des forces républicaines et citoyennes témoignent de
l’immensité de l’émotion mais aussi de la volonté de résister. Faisons en sorte
qu’elle s’incarne dans une ambition de construire une autre civilisation
humaine.
Soyons
convaincu avec Hölderlin que « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve ».
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