mardi 13 janvier 2015

N’ayons pas peur !

Avec les assassinats perpétrés au cœur de la rédaction de Charlie Hebdo, 2015 commence sous le signe de l’horreur et de la barbarie.
Comment réagir devant un acte dont la symbolique est terrifiante : des individus à visage couvert, parlant un français impeccable, prétendant agir au nom d’une religion, l’Islam, commettent le plus lâche des crimes, contre des journalistes, figures majeures de la liberté et de la démocratie, en France, pays des droits de l’homme.
Est-ce aussi un hasard s’ils s’en sont pris à un journal clairement engagé à gauche dont l’esprit libertaire et l’humour profondément humaniste fait le bonheur de beaucoup. Comme tant d’ami(e)s que j’ai croisé en ces jours terribles, c’est une immense douleur que je ressens. Un flot de souvenirs remontent : de la Paulette de Wolinski au grand Duduche de Cabu en passant par l’acuité politique dévastatrice des caricatures de Charb, ou encore les révoltes de Tignous…
Nous sommes tous sous le choc et au bord des larmes. Mais prenons garde de nous laisser abattre : Charlie vivra et nous ferons ce qu’il faut pour qu’il continue de paraître.
A l’inverse des lendemains du 11 septembre où, à la haine et la violence, ont répondu la même haine et la même violence opposons à la barbarie l’esprit de résistance en affirmant clairement que le racisme et le rejet de l’autre ne font pas partie de notre manière d’être, de notre conception de la République et de la laïcité, de notre vision du vivre ensemble.
Plus que jamais, il faut dénoncer le climat délétère entretenu par Zemmour, Houellebecq, Finkielkraut et par le FN qui n’a pas sa place dans un rassemblement qui veut faire peuple commun, libre et fraternel. Non l’Islam n’est pas cette caricature instrumentalisée par quelques fanatiques. Non l’Islam n’est pas cet épouvantail que d’aucuns décrivent à longueur de livres outrageusement médiatisés par des irresponsables.
Oui les musulmans sont nos frères et nous sommes tous capables de vivre en bonne intelligence quelques soient nos origines et nos croyances.
Inlassablement il nous faut combattre les fauteurs de division, les fabricants de boucs émissaires qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, la crise sociale pour une crise d’identité, la lutte de classes pour une guerre de religion.
N’ayons pas peur. La peur est toujours mauvaise conseillère et de tous temps elle a été l’instrument des puissants pour diviser les peuples et les maintenir dans l’oppression. C’est vrai en France et en Europe où l’on voudrait bien déplacer le combat contre l’austérité, vers la recherche de boucs émissaires.
C’est vrai dans le monde où le terrorisme intégriste se réclamant scandaleusement de l’Islam n’est qu’un vulgaire mais effrayant avatar de la tentation totalitaire d’extrême droite. Celle de la loi du plus fort, de l’argent qui écrase tout, de la soumission des femmes au vieil ordre patriarcal, de la haine de l’autre et des valeurs obscurantistes.
Nous sommes et nous devons rester, ici et dans le monde, les combattants de la liberté et de la démocratie, de l’égalité et de la solidarité, de la fraternité et de l’amour de l’humanité, de la mise en commun et du partage.
Les rassemblements depuis mercredi, les millions de « je suis Charlie », la mobilisation partout des forces républicaines et citoyennes témoignent de l’immensité de l’émotion mais aussi de la volonté de résister. Faisons en sorte qu’elle s’incarne dans une ambition de construire une autre civilisation humaine.
Soyons convaincu avec Hölderlin que « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve ».
 

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