lundi 5 octobre 2015

Lettre ouverte à Monsieur Macron

Monsieur Macron vous nous prenez pour des ignares  ne connaissant ni notre histoire ni le monde d’aujourd’hui. Le libéralisme n’est pas un perdreau de l’année. C’est une doctrine qui apparait dès le 17è siècle. Elle portera longtemps les idées des Lumières, de Voltaire à Rousseau, de Descartes à Diderot, de Montesquieu à Kant. Mais dès le 19è siècle, la bourgeoisie et le capitalisme affranchissent la doctrine libérale de ces pères fondateurs pour n’en retenir que la liberté du loup d’écraser la bergerie. Esclavagisme, colonialisme, exploitation ouvrière apparentent désormais le libéralisme à un impérialisme que Lénine qualifia de stade suprême du capitalisme. Il n’avait encore rien vu.
De quoi en effet le libéralisme est- il aujourd’hui le nom ? De la marchandisation à l’échelle de la planète de la nature et de l’humain, de la financiarisation de toutes les activités sociales  dans un productivisme et un consumérisme dont la seule finalité est le profit ; de l’explosion des inégalités et de la précarité imposées à 99% de la population mondiale pendant que 1% se partage l’essentiel des richesses ; du contrôle et de la surveillance généralisé des individus ; de l’aliénation au moins-disant culturel uniformisé et formaté hors de tout esprit critique ; de la normalisation du travail soumis à un « management » des corps et des esprits ; d’une démocratie qui fonctionne comme un leurre car le vrai pouvoir est entre les mains d’oligarchies financières.
C’est cela le libéralisme. Pour affronter la fracture qui s’instaure entre lui et les peuples, il présente, tel Janus, un autre visage encore plus hideux, le national-populisme, sorte de néofascisme ou de néonazisme, qui n’est qu’une roue de secours destinée à préserver l’ordre établi.
Quand on est de gauche,  Monsieur Macron, on résiste au libéralisme et on lui oppose une autre vision de l’humanité, fondée sur des valeurs émancipatrices. De quoi en effet la gauche est-elle le nom? Contre la concurrence et la recherche du profit, la gauche valorise la solidarité, la coopération et l’association entre les êtres humains ; contre l’idée que la liberté s’oppose à l’égalité, la gauche fait marcher du même pas liberté et égalité pour permettre à tous d’accéder à tous les droits ; contre l’érection de murs pour refuser d’accueillir ceux qui fuient la misère et la guerre provoquées par ceux-là même qui érigent ces murs, la gauche pratique la fraternité, la paix et la civilité, garantit la libre circulation des êtres humains et un co-développement équitable et durable des peuples et des territoires; contre le racisme et le sexisme, la gauche promeut l’égalité entre chaque personne quelque-soit son sexe, la couleur de sa peau, sa culture ou son origine ; contre leur privatisation la gauche fait des ressources de la nature et des services indispensables aux humains, des biens communs accessibles à tous ; contre la dictature technico-financière, la gauche revalorise la politique et la démocratie par l’exercice d’un vivre ensemble fondé sur une citoyenneté active du local au global.
Monsieur Macron, malgré votre jeunesse, vous appartenez au vieux monde qui se meurt. Il est vrai que le nouveau tarde à naître et que, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres dont parle Gramsci. Mais cela ne justifie pas que vous ne fassiez plus la distinction entre la droite des oppresseurs et la gauche des opprimés. Mais sans doute avez-vous, dans ce combat de classes, choisi votre camp.

  

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