Monsieur Macron vous nous prenez pour des ignares ne connaissant ni notre histoire ni le monde
d’aujourd’hui. Le libéralisme n’est pas un perdreau de l’année. C’est une
doctrine qui apparait dès le 17è siècle. Elle portera longtemps les idées des
Lumières, de Voltaire à Rousseau, de Descartes à Diderot, de Montesquieu à
Kant. Mais dès le 19è siècle, la bourgeoisie et le capitalisme affranchissent
la doctrine libérale de ces pères fondateurs pour n’en retenir que la liberté
du loup d’écraser la bergerie. Esclavagisme, colonialisme, exploitation
ouvrière apparentent désormais le libéralisme à un impérialisme que Lénine
qualifia de stade suprême du capitalisme. Il n’avait encore rien vu.
De quoi en effet le libéralisme est- il aujourd’hui le
nom ? De la marchandisation à l’échelle de la planète de la nature et de
l’humain, de la financiarisation de toutes les activités sociales dans un productivisme et un consumérisme dont
la seule finalité est le profit ; de l’explosion des inégalités et de la
précarité imposées à 99% de la population mondiale pendant que 1% se partage
l’essentiel des richesses ; du contrôle et de la surveillance généralisé
des individus ; de l’aliénation au moins-disant culturel uniformisé et
formaté hors de tout esprit critique ; de la normalisation du travail
soumis à un « management » des corps et des esprits ; d’une
démocratie qui fonctionne comme un leurre car le vrai pouvoir est entre les
mains d’oligarchies financières.
C’est cela le libéralisme. Pour affronter la fracture qui
s’instaure entre lui et les peuples, il présente, tel Janus, un autre visage
encore plus hideux, le national-populisme, sorte de néofascisme ou de néonazisme,
qui n’est qu’une roue de secours destinée à préserver l’ordre établi.
Quand on est de gauche,
Monsieur Macron, on résiste au libéralisme et on lui oppose une autre
vision de l’humanité, fondée sur des valeurs émancipatrices. De quoi en effet
la gauche est-elle le nom? Contre la concurrence et la recherche du profit, la
gauche valorise la solidarité, la coopération et l’association entre les êtres
humains ; contre l’idée que la liberté s’oppose à l’égalité, la gauche
fait marcher du même pas liberté et égalité pour permettre à tous d’accéder à
tous les droits ; contre l’érection de murs pour refuser d’accueillir ceux
qui fuient la misère et la guerre provoquées par ceux-là même qui érigent ces
murs, la gauche pratique la fraternité, la paix et la civilité, garantit la
libre circulation des êtres humains et un co-développement équitable et durable
des peuples et des territoires; contre le racisme et le sexisme, la gauche
promeut l’égalité entre chaque personne quelque-soit son sexe, la couleur de sa
peau, sa culture ou son origine ; contre leur privatisation la gauche fait
des ressources de la nature et des services indispensables aux humains, des
biens communs accessibles à tous ; contre la dictature
technico-financière, la gauche revalorise la politique et la démocratie par
l’exercice d’un vivre ensemble fondé sur une citoyenneté active du local au
global.
Monsieur Macron, malgré votre jeunesse, vous appartenez au
vieux monde qui se meurt. Il est vrai que le nouveau tarde à naître et que,
dans ce clair-obscur, surgissent les monstres dont parle Gramsci. Mais cela ne
justifie pas que vous ne fassiez plus la distinction entre la droite des
oppresseurs et la gauche des opprimés. Mais sans doute avez-vous, dans ce
combat de classes, choisi votre camp.
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