Devant le désarroi des français face aux attentats M. Valls
préfère agiter la peur que faire appel à la raison. Il a même trouvé un
argument qui laisse pantois : il ne faut plus tenter de comprendre car
« expliquer c’est déjà excuser ». Silence donc dans les rangs et
place à la seule réponse qui lui va, la réponse sécuritaire. La communauté des
sciences sociales en a les bras qui tombent ! Le Premier ministre de la 6è
puissance mondiale nous dit avec l’aplomb qu’on lui connait que gouverner peut
se faire aujourd’hui sans intelligence des problèmes, des causes comme des
solutions possibles. Dans un monde complexe il préfère refuser de savoir !
Une telle bêtise est incommensurable. Elle est le symptôme d’un pouvoir en
perdition, sans boussole. Elle est le signe des dangers qui nous menacent et de
l’impasse où ils nous conduisent. Car l’exécutif se trompe d’analyse et je me
limiterai à traiter deux questions pour le montrer.
Au plan national
d’abord, les sociologues unanimes alertent depuis de nombreuses années sur la
situation des générations issues des immigrations ouvrières des années 60 en
provenance de nos anciennes colonies africaines. La désindustrialisation
massive qui s’en est suivi a provoqué une précarisation généralisée, le développement
d’une économie illégale et in fine une marginalisation sociale et culturelle
d’une grande partie de ces jeunes. A cela s’ajoute que nous n’avons pas su décoloniser
le regard discriminant et xénophobe que nous leur accordons. C’est l’origine de
cette quête éperdue d’une reconnaissance sociale alternative à celle que leur
refuse notre société. Elle favorise un repli identitaire, souvent mal maitrisé,
parfois sans lien avec le réseau communautariste, mais qui devient le terreau
idéal où peut s’exercer pulsion de mort et fascination pour les idéologies de
haine et d’extermination de l’autre, celui qui les a rejetés.
Certains y cèdent d’autant plus facilement qu’à l’échelle
mondiale, le monde Arabo-musulman traverse une des plus graves crises politiques
et identitaires de son histoire multiséculaire. Là encore les travaux des
orientalistes nous montrent que les affrontements religieux entre musulmans
sont pour une grande part la résultante de dominations étrangères, Ottomane
puis Occidentale, uniquement préoccupées de piller les richesses, de diviser
pour régner et d’écraser les peuples sous la misère et l’arriération. Toutes
les tentatives progressistes et laïques nées, y compris récemment, dans ces
pays ont été noyés dans le sang par des bourgeoisies locales sous l’égide des
puissances coloniales et impériales dont l’avidité n’a d’égale que leur mépris
et leur ignorance du monde oriental. Le refus permanent des puissances
mondiales et régionales d’imposer la paix et la reconnaissance mutuelle entre
Israël et la Palestine est très révélateur de cette volonté de faire perdurer
un chaos qui leur profite. C’est dans ce
cadre qu’a émergé ce qu’on a pris l’habitude de nommer le Djihadisme. Longtemps
jouet manipulé par les USA, l’Europe et leurs alliés locaux, il prétend
aujourd’hui leur faire une guerre sainte et apparait en Europe aux yeux d’une
jeunesse à la dérive comme un phare. En réalité Daesh est l’enfant monstrueux
du capitalisme mondialisé qu’il tente d’ailleurs d’imiter. Loin d’être un Etat, c’est en fait une multinationale sans
foi ni loi, fondée sur le crime et la rapine.
Voilà Monsieur Valls ce qu’en quelques mots vous auriez
appris si, pour mieux masquer votre adieu à la gauche, vous n’aviez fait le choix de refuser
« le savoir et d’essayer l’ignorance ». (A. Lincoln)
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