lundi 11 juillet 2016

La politique est l’autre nom de la culture


La période des festivals est toujours l’occasion de s’interroger sur l’état de l’art et de la culture dans notre pays. C’est d’autant plus essentiel de le faire que nous traversons des temps particulièrement sombres : l’art et la culture sont attaqués, abandonnés par la puissance publique et livrés aux marchands du temple. Mais la politique est elle aussi discréditée, soumise aux impératifs de la finance et pire encore à une régression nationaliste et populiste. Politique et culture sont  toutes deux soumises à ce que Pasolini décrit à l’aide de la métaphore de la disparition des lucioles. Quelque chose qui n’était pas prévisible a bouleversé nos valeurs, notre imaginaire, nos langages et nos comportements. Une forme de totalitarisme globalisé, financier, productiviste et consumériste est en passe d’imposer son hégémonie culturelle. Des œuvres, des langages, des artistes, des lieux disparaissent. La technocratisation de la culture va de pair avec la rationalisation et la standardisation de la production industrielle de l’art qui prolifèrent sur les ruines de la politique et de la démocratie, ouvrant ainsi la voie aux forces obscures de la barbarie. Le libéralisme veut transformer l’humain en produit normé et valorisable, le populisme veut l’enchainer à des identités figées et archaïques.

Or l’art et la politique sont indissociables et il ne saurait y avoir d’émancipation politique sans émancipation culturelle et inversement.  La crise politique actuelle est à la fois une mise en cause de la démocratie dont l’objectif est d’interdire aux peuples de faire leur histoire et une mise à l’encan de la culture afin de fabriquer l’aliénation des peuples et leur servitude volontaire ; c’est l’origine des difficultés que la gauche alternative rencontre pour transformer l’immense colère sociale qui s’exprime dans les luttes contre la loi El Khomri en force matérielle émancipatrice. La lutte, même victorieuse comme celle des intermittents du spectacle, n’est durable que si elle s’inscrit dans un mouvement politique et culturel transformateur.

 « La culture est ce qui relie les humains entre eux par leurs œuvres et leurs productions, leur manière de sentir, d’éprouver, de dire et de faire » (Roland Gori). C’est en effet du pouvoir des mots, des symboles et des idées que nait l’engagement politique et sa capacité à écrire un nouveau récit émancipateur, libérateur des chaines auxquelles le système dominant nous aliène. Pour inventer ce récit osons un nouveau rapport entre l’art, la culture et la politique.

Tous ceux qui sont debout le jour comme la nuit ont les mêmes rêves de liberté, d’égalité, de fraternité. Travaillons ensemble pour les atteindre. Nous sommes des millions à ne plus vouloir  d’une politique dénuée d’humanisme, de culture et d’imaginaire. Nous sommes des millions à vouloir vivre le temps du commun, ce monde de demain qui aura pour seule ambition l’avenir solidaire de l’humanité et de la planète. C’est possible car « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve » (Hölderlin).

 

 

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