Le monde médusé a vu cet été des femmes musulmanes chassées
des plages françaises par des policiers parce qu’elles portaient des vêtements symbolisant
leur appartenance confessionnelle. Ces actes liberticides ont eu lieu sur la
base d’arrêtés municipaux pris par des maires de droite et d’extrême droite en
toute illégalité. Ils ont pourtant reçu le soutien du FN, de LR et du Premier
ministre jusqu’à ce que le Conseil d’Etat siffle la fin de la partie de chasse
en condamnant pour atteinte aux libertés personnelles l’arrêté d’une de ces villes.
Le danger est immense : ce déchainement de haine
stigmatisent une part de nos concitoyens
et les ravalent au rang d’ennemis de l’intérieur. Environ 5 millions de personnes d’origine, de
culture ou de confession musulmane vivent parmi nous et 90% d’entre elles sont
de nationalité française. Leur présence dans notre pays est le produit de
l’entreprise coloniale qui a mêlé nos destins et nos populations. Contre leur
gré, les africains du nord et du sud ont été entrainés dans un processus
violent marqué par la surexploitation économique, la marginalisation sociale et
l’aliénation culturelle, là-bas et ici. La droite et l’extrême droite, qui se
disputent le pouvoir, rivalisent dans le discours populiste et xénophobe, érigent désormais les musulmans en
bouc émissaire de la crise sociale. C’est logique. Ils sont les continuateurs
des partisans de l’Algérie française et de ceux qui, dans les années 30, ont
fait des juifs les victimes expiatoires d’une autre crise dont le capitalisme a
le secret. Chaque fois, la haine à l’égard des minorités a permis la division
des peuples entravant ainsi leur unité et leurs luttes pour vivre et agir ensemble.
Certains à gauche refusent ce combat contre l’islamophobie au
nom de la laïcité alors qu’au contraire elle impose de le mener. Le combat
féministe et celui contre l’homophobie ne prennent sens et efficacité que dans
le mouvement général de la société pour son émancipation. Remplacer le combat
de classes, associant ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, par
une nouvelle guerre de religions bénéficie toujours aux puissants.
De quelle laïcité avons-nous besoin ? Celle de Jaurès
respectueuse des consciences et des libertés où cette laïcité identitaire,
autoritaire et étatiste prônée conjointement par Le Pen, Sarkozy et Valls qui
s’apparente à la religion officielle d’un nouveau communautarisme
national ? Cette conception est dangereuse parce qu’elle légitime les
atteintes aux libertés et favorise un nationalisme fantasmé, « le français
de souche », « la France éternelle » en contradiction totale
avec notre histoire. En retour elle nourrit tous les replis communautaristes de
la part de ceux qu’elle exclut socialement et culturellement. Replis exploités
par les intégrismes religieux à l’origine des violences aveugles.
Ne cédons pas à ces tentatives de nous opposer sur le terrain
identitaire et agissons ensemble pour fabriquer du commun, émanciper chacune et
chacun dans une société de liberté, d’égalité et de fraternité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire