lundi 5 septembre 2016

Contre la haine, la liberté


Le monde médusé a vu cet été des femmes musulmanes chassées des plages françaises par des policiers parce qu’elles portaient des vêtements symbolisant leur appartenance confessionnelle. Ces actes liberticides ont eu lieu sur la base d’arrêtés municipaux pris par des maires de droite et d’extrême droite en toute illégalité. Ils ont pourtant reçu le soutien du FN, de LR et du Premier ministre jusqu’à ce que le Conseil d’Etat siffle la fin de la partie de chasse en condamnant pour atteinte aux libertés personnelles l’arrêté d’une de ces villes.

Le danger est immense : ce déchainement de haine stigmatisent une part  de nos concitoyens et les ravalent au rang d’ennemis de l’intérieur.  Environ 5 millions de personnes d’origine, de culture ou de confession musulmane vivent parmi nous et 90% d’entre elles sont de nationalité française. Leur présence dans notre pays est le produit de l’entreprise coloniale qui a mêlé nos destins et nos populations. Contre leur gré, les africains du nord et du sud ont été entrainés dans un processus violent marqué par la surexploitation économique, la marginalisation sociale et l’aliénation culturelle, là-bas et ici. La droite et l’extrême droite, qui se disputent le pouvoir, rivalisent dans le discours populiste et  xénophobe, érigent désormais les musulmans en bouc émissaire de la crise sociale. C’est logique. Ils sont les continuateurs des partisans de l’Algérie française et de ceux qui, dans les années 30, ont fait des juifs les victimes expiatoires d’une autre crise dont le capitalisme a le secret. Chaque fois, la haine à l’égard des minorités a permis la division des peuples entravant ainsi leur unité et leurs luttes pour vivre et agir ensemble.

Certains à gauche refusent ce combat contre l’islamophobie au nom de la laïcité alors qu’au contraire elle impose de le mener. Le combat féministe et celui contre l’homophobie ne prennent sens et efficacité que dans le mouvement général de la société pour son émancipation. Remplacer le combat de classes, associant ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, par une nouvelle guerre de religions bénéficie toujours aux puissants.

De quelle laïcité avons-nous besoin ? Celle de Jaurès respectueuse des consciences et des libertés où cette laïcité identitaire, autoritaire et étatiste prônée conjointement par Le Pen, Sarkozy et Valls qui s’apparente à la religion officielle d’un nouveau communautarisme national ? Cette conception est dangereuse parce qu’elle légitime les atteintes aux libertés et favorise un nationalisme fantasmé, « le français de souche », « la France éternelle » en contradiction totale avec notre histoire. En retour elle nourrit tous les replis communautaristes de la part de ceux qu’elle exclut socialement et culturellement. Replis exploités par les intégrismes religieux à l’origine des violences aveugles.

Ne cédons pas à ces tentatives de nous opposer sur le terrain identitaire et agissons ensemble pour fabriquer du commun, émanciper chacune et chacun dans une société de liberté, d’égalité et de fraternité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire