M.
le Pen, N. Sarkozy, M. Valls ne peuvent plus tenir un discours sans faire
référence à la République. Mais force est de constater que plus ils en parlent
plus ils mettent gravement en cause ses fondements. De quelle République
parlent-ils donc car la nôtre est bien malade : nous vivons à tous les
échelons, sous une monarchie élective entachée par une corruption réelle et par
un clientélisme électoral. Le spectacle politicien qu’elle offre est à
l’origine du rejet populaire d’un système qui s’apparente de moins en moins à
une démocratie proche des gens et de leurs
préoccupations. Où en sont les valeurs dont ils se gargarisent ?
Liberté ?
L’hystérie sécuritaire qui domine tous les discours et toutes les décisions
gouvernementales provoque de gigantesques reculs démocratiques au regard des
droits conquis par notre peuple. Il faut protéger les populations contre la
violence aveugle mais cela ne peut
justifier l’Etat d’exception permanent, attentatoire à nos libertés. Veut on
ressembler à ceux qui nous menacent ? Si nous avons réussi à repousser la
déchéance de nationalité, la menace sur le droit du sol se précise. Le sexisme,
l’homophobie, le racisme envahissent l’espace public sans réaction officielle.
Egalité ?
Dans un contexte de grandes inégalités sociales, la loi Travail va
considérablement les aggraver en frappant surtout les jeunes, les femmes et les
plus fragiles. Inégalités aussi des territoires, autoritairement regroupés dans
d’immenses ensembles, technocratisés à l’extrême, où l’on veut enterrer la
démocratie locale. C’est une France éclatée, précarisée, ségréguée qui se
dessine.
Fraternité ?
Une conception étatiste, autoritaire et identitaire de la laïcité est forgée.
Elle s’apparente à la religion officielle d’un nouveau communautarisme national
qui érige des populations, issues des migrations africaines et
arabo-musulmanes, en bouc-emissaires d’une crise dont seul le capital est
responsable. La France « patrie des droits de l’homme » (sic) ferme
ses portes aux réfugiés de guerres dont nous sommes un des acteurs essentiels.
Cette
République appelle non une restauration mais une révolution, de la cave au
grenier. Pour cela il ne suffira pas de sauter comme un cabri en répétant
« 6è République » pour lui redonner un sens émancipateur. Il faut répondre
aux questions en débat.
Comment
rendre indissociables les 3 termes du triptyque national dans la cité et dans
l’entreprise? Comment en finir avec la forme monarchique et pyramidale de
l’Etat ? Comment sortir du piège identitaire qui enferme la laïcité
dans de prétendues guerres de religions et de civilisations ? Comment
inventer un nouveau droit du sol qui intègre le droit vote des étrangers ?
Comment mener réellement et concrètement le combat contre le patriarcat et
toutes les formes de discriminations et de violences sexistes ?
Il y en a bien d’autres mais elles finissent par se
résumer à une seule : comment reprendre l’offensive sur le terrain des
idées et des imaginaires afin de reconquérir l’hégémonie culturelle et inventer
une société du commun?
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