S’il fallait une preuve que le débat est indispensable pour
construire en 2017 une alternative à gauche, le « Brexit » nous le fournit
aisément. L’avenir de l’Europe sera un des enjeux clés des échéances
électorales.
L’Union européenne est entrée dans une crise de longue durée
dont les causes sont connues : son caractère antidémocratique et l’austérité
générée par le poids écrasant de la finance que les dirigeants nationaux et
européens imposent depuis des décennies.
Après les tentatives avortées des référendums français et
hollandais, deux mouvements de refus, contradictoires, viennent d’avoir lieu :
l’un de gauche en Grèce avec Syriza auxquelles les instances européennes s’opposent
avec violence; l’autre de droite, le « Brexit », porté par un
nationalisme xénophobe. Il laisse de marbre les marchés financiers qui protègent
leurs intérêts et ceux de la City. Il faut respecter les votes et protéger les
intérêts des peuples grecs et britanniques.
Le meilleur moyen est de mener la bataille politique pour une
refondation progressiste de l’Europe. C’est pourquoi je ne suis pas d’accord
avec la formule de J.L. Mélenchon,
« l’Europe on la change ou on la quitte ». Sur la forme elle emprunte
une symbolique détestable, « la
France on l’aime ou on la quitte » qui a été le prélude à la loi sur la
déchéance de nationalité. Sur le fond elle dit des choses que je ne partage
pas. L’Europe ne se confond pas avec les politiques capitalistes qui la
dominent depuis sa fondation. L’Europe c’est une géographie et une histoire
communes avec des guerres effroyables mais aussi des combats populaires
solidaires pour la paix et le progrès social, des dominations impitoyables mais
aussi des brassages migratoires, des inventions et des métissages culturels. Ces
richesses offrent une opportunité à notre jeunesse de s’ouvrir à l’autre et de
construire une Europe solidaire et pacifique. Encore faut-il mener les luttes
pour y parvenir. Quitter l’Europe revient à déserter le combat contre le
capitalisme à l’échelle où il impose sa loi aux peuples et aux nations. Et
quand bien même nous le ferions, serions-nous pour autant débarrassés de l’austérité
en France ? Faudra-t-il alors
quitter la France parce que nous ne parvenons pas à la changer ?
Il n’y a pas de raccourcis possibles. Une hypothétique
« démondialisation » ne nous dispensera pas de mener le combat contre
la finance globalisée et pour un monde de paix et de coopération. Un éventuel
« Frexit » ne nous protègera pas de l’austérité, du dumping social et
environnemental, de l’évasion fiscale et de la troïka.
Aucun chantage ne fera plier les oligarchies dominantes. Seul
le rassemblement conscient des peuples imposera
une Union européenne de peuples et de nations libres, souverains et associés
coopérant, contre la finance, pour le progrès social, écologique et
démocratique. Il faut combattre le sentiment d’impuissance et œuvrer ensemble,
forces politiques et citoyennes, syndicales et culturelles, pour ouvrir une voie en France et en Europe, ni libérale ni
populiste, en un mot de gauche. C’est une longue marche sur un chemin étroit
mais nous n’en n’avons pas d’autres.
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