Guerre aux
pauvres ?
A la veille de l’hiver les organisations humanitaires lancent
un cri d’alarme qu’il est important de relayer et d’éclairer : un vent
mauvais souffle contre les pauvres. ATD Quart monde n’hésite pas à inventer un
mot, la « pauvrophobie » pour dénoncer ce que nous constatons quotidiennement.
Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. A Paris le Centre
d’hébergement des sans-abri dans le 16è arrondissement a été incendié.
Idem pour le centre du Secours populaire à Montreuil. Des centres d’accueil des
migrants subissent, ici et là, des agressions violentes. Il en est de même pour
les camps de Roms. Les mairies Fn d’Henin Beaumont et de Hayange n’ont de cesse
d’expulser le Secours populaire des locaux où il accueille ceux qui en ont
besoin. Une mairie LR du Val de marne tente d’empêcher la construction par le
Secours catholique d’un centre d’hébergement pour femmes. De nombreux bains
douches pour sans-abri ont été fermés.
Certaines villes installent des mobiliers urbains anti-sdf,
bancs grillagés ou les suppriment purement et simplement. Même sur les
trottoirs les sdf ne sont plus tolérés. Les arrêtés municipaux anti-mendicités se multiplient dans les
villes touristiques, particulièrement dans nos belles régions ensoleillées.
Les organisations caritatives, les associations d’aide humanitaires
voient leurs subventions publiques fondrent comme neige au soleil. Les discours
politiques, à droite et à l’extrême droite mais pas seulement, culpabilisent
les pauvres, les chômeurs, les migrants,
les sans-abri et les sans-papiers les bénéficiaires du Rsa… Ils pratiquent un
odieux amalgame en les englobant dans un même vocable stigmatisant : ils seraient des assistés
qui profitent du système, ils vivraient aux crochets de ceux qui travaillent et
paient des impôts.
La victime devient coupable et le pauvre responsable de sa pauvreté. Pire, il devient
celui par qui tous les malheurs arrivent. Tout se passe comme si on assistait à
un rejet des pauvres, ces « barbares » qui campent dans nos villes,
ces « racailles » qui tireraient notre société vers le bas et dont il
faudrait se protéger soi-même puisque « l’Etat ne le fait plus ». On
sent monter l’idée heureusement encore très marginale, qu’à l’instar des
américains, il serait devenu légitime de se défendre soi-même, au besoin en
s’armant. Comme si pour survivre il faudrait mener la guerre aux pauvres.
Et si au lieu de la déclarer aux pauvres, notre société
déclarait la guerre à la pauvreté ? Car enfin les chômeurs, les sans-
abri, les migrants sont les victimes d’un système toujours plus inégalitaire,
toujours plus dur pour celle ou celui qui n’a pas les moyens de sortir indemne
de cette jungle que sont devenus nos sociétés où le combat pour la survie fait
chaque jours plus de victimes.
Au fond la vrai nature de ce système l’incite à dresser les
moins pauvres contre les plus pauvres, les classes moyennes contre les classes
populaires afin d’empêcher toute forme de solidarité entre eux ou entre elles.
Afin de mettre le peuple à la merci de ceux qui le domine, l’installant ainsi
durablement dans une servitude volontaire ou non.
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