Le débat au sein du PCF sur le choix de notre candidature aux
présidentielles a pris une dimension passionnelle alors qu’il s’agit d’abord
d’un choix politique. Nous savons de longue date les raisons pour lesquelles
cette élection est la plus compliquée pour notre parti comme pour les combats
que nous menons pour une alternative aux politiques d’austérité et pour hâter
le temps du commun, de l’égalité et de la liberté que nous avons définie à
notre dernier congrès. Notre décision doit donc procéder d’une réflexion
politique sur l’enjeu de cette élection dans le contexte national, européen et
mondial que nous vivons. National avec le risque considérable pour notre peuple
qu’elle réduise le paysage politique à un affrontement entre la droite et
l’extrême droite lourd de danger sur le
plan social et démocratique ; le risque est même réel de voir Marine Le Pen l’emporter en profitant de
la division de la droite et de l’absence de la gauche ; européen parce que
nous savons à quel point l’institution européenne est un verrou qu’il nous faut
affronter pour permettre la mise en œuvre d’une politique progressiste dans
notre pays ; mondial enfin car l’élection de Trump aux USA confirme la
force à cette échelle d’un capitalisme sauvage décidée à remettre à l’ordre du
jour les affrontements nationalistes, les guerres et la mise en cause des
libertés pour résoudre les contradictions qu’ils rencontrent.
Comme nous ne pouvons pas affronter seul l’ensemble des
dimensions de ce combat de classes, la question du rassemblement est
incontournable. Le nier est pure folie suicidaire (cf. Marx et « le solo
qui devient un chant funèbre ») . Dans notre histoire ce n’est que par le
rassemblement de forces très large que nous avons su affronter, les
grands moments de notre histoire : le front populaire, la résistance et la
libération, la lutte contre le colonialisme, celle contre le pouvoir personnel….
Mai 68 montre à contrario que lorsque nous n’avons pas pu créer les conditions
de l’union l’échec a été au bout. Mais l’union n’a jamais été un long fleuve
tranquille, c’est même le contraire et nous avons l’habitude de dire à juste
titre qu’elle est un combat qui connait ses réussites et ses échecs. Ainsi
après la victoire du non d’une gauche rassemblée contre le TCE en 2005, ce fut
le double échec des collectifs anti-libéraux et de la candidature de
M.G.Buffet. Nous avons su remettre l’ouvrage sur le métier avec la création du
Front de gauche et la campagne unitaire de 2012. Aujourd’hui à quoi sommes-nous
confrontés ? D’une part à la crise du Front de gauche qui mérite un vrai
débat en lieu et place des invectives que nous lisons de toutes parts, d’autre
part à l’échec dramatique du quinquennat de Hollande avec les risques
considérables qu’il fait peser sur l’existence d’une gauche alternative dans un
pays où elle a toujours jouer un rôle majeur. Mesure-t-on les dégâts concrets
causés à notre peuple par la politique de ce gouvernement qui ose encore se
réclamer de la gauche : misère, chômage, précarité, mise en cause des droits sociaux,
portant ainsi gravement atteinte à l’espoir d’une vie meilleure. Il fallait
donc tenter d’élargir le front opéré en 2012 à toutes les forces politiques,
sociales et citoyennes opposées à cette politique. C’est ce que nous avons fait
en tentant de surmonter les difficultés de tous ordres rencontrées. Chacun a
pris ses responsabilités dans cette situation et il sera toujours temps de les
dénoncer. Mais une situation concrète est ce qu’elle est et elle appelle non des
réactions passionnelles mais « une analyse concrète » (Lénine) :
force est en effet de constater que nous ne sommes pas parvenu à former cet arc de rassemblement plus large.
A vouloir désespérément le trouver nous risquons, au bout du processus
chaotique et totalement imprévisible que suivent le PS et les frondeurs, d’être
confronté à 3 options, subies du fait de notre impéritie : où la poursuite
du solo funèbre avec un risque vital pour notre parti, où la conclusion d’un
accord politique avec le PS qui est
totalement à exclure, où un appel de dernière minute au vote Mélenchon, ce qui
ressemblera fort à un ralliement.
Je préfère dès aujourd’hui assumer le choix politique
d’appeler en toute indépendance à voter pour JLM. Cela nous permettrait
d’amplifier un rassemblement déjà réel et d’agir au sein, non de la France
insoumise, mais de ce nouvel espace politique que nous créerons de fait avec
d’autres forces, pour lui donner une
ambition majoritaire et contribuer à son
contenu transformateur. Nous préparerons ainsi les législatives en imposant le
respect de chacune des composantes
engagées. L’union est un combat mais c’est la seule voie d’avenir pour reconstruire
une gauche de transformation sociale, une gauche actuellement en crise sur le
plan politique comme au plan intellectuel.
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