lundi 28 novembre 2016


La primaire de la radicalisation

Les résultats du 1è tour de la « primaire » de la droite sont révélateurs  de la radicalisation que connait la droite française. Avec une participation record, plus de 4 millions de votants, cette élection a vu triompher les thèses les plus réactionnaires sur le plan économique et social comme sur les valeurs sociétales. Si vous faites le total des voix recueillies par Fillon,  Sarkozy, Lemaire et Poisson vous n’êtes pas loin de 70% ! Si vous ajoutez à cela que Juppé et Copé n’ont pas de divergence de fond avec Fillon mais seulement de degré et de rythme pour mettre en œuvre le grand coup de balai ultralibéral et néo-conservateur dont il partage la philosophie, vous mesurez l’ampleur de la droitisation de ceux qui se nomment, par antiphrase, les Républicains. Leurs débats ont été marqués par une course réactionnaire à l’échalote. C’était à qui se déclarait le plus antisocial, le plus « thatchérien », le plus anti fonction publique, le plus antidémocratique, le plus nationaliste et identitaire, le plus anti-migrants, le plus chrétien traditionaliste… A ce jeu c’est « le mieux-disant » qui l’a emporté. Sans doute Sarkozy, qui en a pourtant fait des tonnes sur ces thèmes, a payé son quinquennat catastrophique, ses mensonges et sa malhonnêteté. Mais nous ne perdons rien au change. Fillon, qui a été son Premier ministre, s’est opposé à lui parce qu’il n’avait pas été assez loin dans la déréglementation sociale comme dans la défense de « l’identité nationale » et des valeurs qui fonde selon lui la famille, le mariage, le rôle des femmes et de l’autorité. Ainsi Fillon a fait une station à l’Abbaye de Solesmes dans son pays sarthois et a déclaré vouloir « retrouver nos racines chrétiennes et l’esprit des béatitudes ». Ses soutiens dans la jeunesse sont membres d’une organisation « Sens commun » très active au sein de la « Manif pour tous ». Son directeur de campagne Bruno Retailleau  est un transfuge du parti de De Villiers. Enfin son programme social est d’une brutalité inouïe.

Alors quand on est de gauche que faire ? Faut-il, comme je le lit ici ou là sur les réseaux sociaux, se mêler du combat Juppé/Fillon en spéculant sur le fait de savoir qui est le moins dangereux ou qui est le plus à même de battre M. Le Pen ? C’est un jeu totalement illusoire et très dangereux car l’un comme l’autre sont portés par la vague réactionnaire qui submerge les droites françaises. Sans oublier que cette vague peut offrir à la candidate du FN une réelle opportunité de l’emporter quel que soit son adversaire de droite, profitant de leurs divisions et de l’absence d’une gauche véritable. C’est pourquoi la conclusion que j’en tire est radicalement  différente : je crois qu’il y a urgence à se mobiliser, non pour réhabiliter un Hollande définitivement démonétisé, mais pour éviter le « mano à mano » des droites extrêmes en rassemblant une gauche d’alternative face à tous ces monstres que l’histoire nous sert, de Trump à Erdogan, de Fillon à Le Pen. « Quand les blés sont sous la grêle, Fou qui fait le délicat, Fou qui songe à ses querelles, Au cœur du commun combat. » (Aragon)

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