La primaire de la
radicalisation
Les résultats du 1è tour de la « primaire » de la
droite sont révélateurs de la
radicalisation que connait la droite française. Avec une participation record,
plus de 4 millions de votants, cette élection a vu triompher les thèses les
plus réactionnaires sur le plan économique et social comme sur les valeurs
sociétales. Si vous faites le total des voix recueillies par Fillon, Sarkozy, Lemaire et Poisson vous n’êtes pas
loin de 70% ! Si vous ajoutez à cela que Juppé et Copé n’ont pas de
divergence de fond avec Fillon mais seulement de degré et de rythme pour mettre
en œuvre le grand coup de balai ultralibéral et néo-conservateur dont il
partage la philosophie, vous mesurez l’ampleur de la droitisation de ceux qui
se nomment, par antiphrase, les Républicains. Leurs débats ont été marqués par
une course réactionnaire à l’échalote. C’était à qui se déclarait le plus
antisocial, le plus « thatchérien », le plus anti fonction publique,
le plus antidémocratique, le plus nationaliste et identitaire, le plus
anti-migrants, le plus chrétien traditionaliste… A ce jeu c’est « le
mieux-disant » qui l’a emporté. Sans doute Sarkozy, qui en a pourtant fait
des tonnes sur ces thèmes, a payé son quinquennat catastrophique, ses mensonges
et sa malhonnêteté. Mais nous ne perdons rien au change. Fillon, qui a été son
Premier ministre, s’est opposé à lui parce qu’il n’avait pas été assez loin
dans la déréglementation sociale comme dans la défense de « l’identité
nationale » et des valeurs qui fonde selon lui la famille, le mariage, le
rôle des femmes et de l’autorité. Ainsi Fillon a fait une station à l’Abbaye de
Solesmes dans son pays sarthois et a déclaré vouloir « retrouver nos
racines chrétiennes et l’esprit des béatitudes ». Ses soutiens dans la
jeunesse sont membres d’une organisation « Sens commun » très active
au sein de la « Manif pour tous ». Son directeur de campagne Bruno
Retailleau est un transfuge du parti de
De Villiers. Enfin son programme social est d’une brutalité inouïe.
Alors quand on est de gauche que faire ? Faut-il, comme
je le lit ici ou là sur les réseaux sociaux, se mêler du combat Juppé/Fillon en
spéculant sur le fait de savoir qui est le moins dangereux ou qui est le plus à
même de battre M. Le Pen ? C’est un jeu totalement illusoire et très
dangereux car l’un comme l’autre sont portés par la vague réactionnaire qui
submerge les droites françaises. Sans oublier que cette vague peut offrir à la
candidate du FN une réelle opportunité de l’emporter quel que soit son
adversaire de droite, profitant de leurs divisions et de l’absence d’une gauche
véritable. C’est pourquoi la conclusion que j’en tire est radicalement différente : je crois qu’il y a urgence à
se mobiliser, non pour réhabiliter un Hollande définitivement démonétisé, mais pour
éviter le « mano à mano » des droites extrêmes en rassemblant une
gauche d’alternative face à tous ces monstres que l’histoire nous sert, de
Trump à Erdogan, de Fillon à Le Pen. « Quand les blés sont sous la grêle,
Fou qui fait le délicat, Fou qui songe à ses querelles, Au cœur du commun
combat. » (Aragon)
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