Le déchaînement de haine auquel nous
venons d’assister à la suite du décès de Fidel Castro de la part des grands
médias et d’une part importante du monde politique est consternant. Pas la
moindre nuance, aucune objectivité pour employer un mot qu’il nous renvoie à la
figure. Qui est manichéen? Il s'agit quand même d'une des plus grandes figures
de l’anti-impérialisme mondial au XXe siècle qui nous quitte. Il a symbolisé ce
combat à Cuba en renversant la dictature
Batista soumise aux USA qui avait fait de l'île un bordel exotique à quelques
encablures de leurs côtes. Il a fait de ce petit pays le symbole du combat de David contre Goliath, résistant un
demi-siècle à toutes les tentatives d’invasion, de coup d’état, d’assassinats
fomentés par les USA. Avec le « Ché », autre figure mythique de la
révolution cubaine et les dirigeants des mouvements de libération nationale, il
a fondé les « non-alignés » qui ont joué un rôle majeur dans la
lutte contre toutes les formes d’impérialisme. Il a initié en Amérique latine
la résistance à la tendance, toujours d’actualité, des USA à considérer cette
région comme « son sous-continent ». Il a mené un combat sans relâche
contre le blocus imposé dès le début de la révolution cubaine par les
américains qui est, on l’oublie trop souvent, la principale raison des
difficultés économiques et sociales considérables que l’île connaît. Mais
malgré le blocus, Cuba est reconnu pour avoir éradiqué l’analphabétisme,
garantit un système de soins de qualité et gratuit, éliminer les formes
extrêmes de la misère, de l’insécurité ou encore du mal-logement, assurer les
droits des femmes.... Mais il a été, nous dit-on, un dictateur qui a dirigé son
pays d’une main de fer . Ceux là même qui le disent ferment les yeux sur
Guantánamo, la monarchie saoudienne ou Erdogan comme ils ont fermé les yeux
dans le passé sur Pinochet, Ben Ali ou Moubarak. Mais n'éludons pas la
question : Il est vrai que les révolutionnaires cubains dans un contexte
de guerre froide où ils jouaient leur indépendance (cf. la crise des missiles
entre les USA et l’URSS) se sont mis sous la protection du camp soviétique et
de ce fait ont dû adopter leur modèle politique, parti unique, étatisation
généralisée de l’économie et mise en cause des libertés. On sait la catastrophe
que ce modèle non démocratique a provoquée à l’est de l’Europe et les amis de
Cuba sont attentifs aux évolutions récentes vers plus de démocratie et de
liberté sur tous les plans . Il est indispensable que ces réformes avancent
avec audace mais c'est l'affaire du peuple cubain qui veut tout aussi
légitimement préserver et développer son modèle social. Je ne suis pas sûr que
cela soit le souhait des censeurs de Castro. Ce qu’ils veulent c’est le retour de Cuba dans le giron
américains et la généralisation du modèle ultra-libéral dont nous savons les
dégâts causés en Amérique latine, en Europe et partout dans le monde. Face à
Trump nous savons déjà qu’il faut amplifier notre exigence de la levée du
blocus.
Adios Fidel, Cuba libre !
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