mardi 6 décembre 2016

Fidel


Le déchaînement de haine auquel nous venons d’assister à la suite du décès de Fidel Castro de la part des grands médias et d’une part importante du monde politique est consternant. Pas la moindre nuance, aucune objectivité pour employer un mot qu’il nous renvoie à la figure. Qui est manichéen? Il s'agit quand même d'une des plus grandes figures de l’anti-impérialisme mondial au XXe siècle qui nous quitte. Il a symbolisé ce combat  à Cuba en renversant la dictature Batista soumise aux USA qui avait fait de l'île un bordel exotique à quelques encablures de leurs côtes. Il a fait de ce petit pays le symbole du  combat de David contre Goliath, résistant un demi-siècle à toutes les tentatives d’invasion, de coup d’état, d’assassinats fomentés par les USA. Avec le « Ché », autre figure mythique de la révolution cubaine et les dirigeants des mouvements de libération nationale, il a fondé les  « non-alignés » qui ont joué un rôle majeur dans la lutte contre toutes les formes d’impérialisme. Il a initié en Amérique latine la résistance à la tendance, toujours d’actualité, des USA à considérer cette région comme « son sous-continent ». Il a mené un combat sans relâche contre le blocus imposé dès le début de la révolution cubaine par les américains qui est, on l’oublie trop souvent, la principale raison des difficultés économiques et sociales considérables que l’île connaît. Mais malgré le blocus, Cuba est reconnu pour avoir éradiqué l’analphabétisme, garantit un système de soins de qualité et gratuit, éliminer les formes extrêmes de la misère, de l’insécurité ou encore du mal-logement, assurer les droits des femmes.... Mais il a été, nous dit-on, un dictateur qui a dirigé son pays d’une main de fer . Ceux là même qui le disent ferment les yeux sur Guantánamo, la monarchie saoudienne ou Erdogan comme ils ont fermé les yeux dans le passé sur Pinochet, Ben Ali ou Moubarak. Mais n'éludons pas la question : Il est vrai que les révolutionnaires cubains dans un contexte de guerre froide où ils jouaient leur indépendance (cf. la crise des missiles entre les USA et l’URSS) se sont mis sous la protection du camp soviétique et de ce fait ont dû adopter leur modèle politique, parti unique, étatisation généralisée de l’économie et mise en cause des libertés. On sait la catastrophe que ce modèle non démocratique a provoquée à l’est de l’Europe et les amis de Cuba sont attentifs aux évolutions récentes vers plus de démocratie et de liberté sur tous les plans . Il est indispensable que ces réformes avancent avec audace mais c'est l'affaire du peuple cubain qui veut tout aussi légitimement préserver et développer son modèle social. Je ne suis pas sûr que cela soit le souhait des censeurs de Castro. Ce qu’ils veulent  c’est le retour de Cuba dans le giron américains et la généralisation du modèle ultra-libéral dont nous savons les dégâts causés en Amérique latine, en Europe et partout dans le monde. Face à Trump nous savons déjà qu’il faut amplifier notre exigence de la levée du blocus.

Adios Fidel, Cuba libre ! 

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