lundi 14 décembre 2015

La Cop 21, entre solidarité et concurrence


La Cop 21 s’ouvre sous de mauvais auspices. Les attentats ont relégué l’urgence climatique derrière l’état d’urgence sécuritaire. La conséquence : annulation de la marche mondiale citoyenne et restrictions apportées à l’activité des ONG et des réseaux de lutte contre le changement climatique.
En outre le préaccord élaboré à Bonn il y a quelques semaines, laisse en suspens deux questions essentielles. Le caractère contraignant de l’objectif de réduire à 2° C le réchauffement de la planète d’ici 2020. Les USA ne veulent pas être contraints de tenir leurs engagements. C’était déjà le cas à Kyoto dont le protocole n’avait pas été ratifié par eux. En second lieu le financement du fonds vert de 100 milliards de $ pour aider les pays  vulnérables à faire face à des catastrophes dont ils ne sont pas responsables, n’est pas garanti. Les USA veulent une participation plus grande des pays « émergents » et F. Hollande propose d’y consacrer l’aide au développement qui serait donc supprimée. En clair on donnerait aux pays pauvres d’une main ce qu’on leur retirerait de l’autre !

Les pays les plus riches (1% de la population mondiale) possèdent la moitié de la richesse (130000 milliards de $) alors que les pays les plus pauvres (80% de la population) se contente de 5% de cette même richesse. Sans oublier les 20000 milliards de $ rentabilisés dans les paradis fiscaux. Face à cela que représente 100 milliards de $ ? Une goutte d’eau. Hugo Chavez a eu raison de dire à la COP 15 (Copenhague, 2009) : « Si le climat était une banque il serait déjà sauvé ».

Pourtant l’urgence est bien là : multiplication d’épisodes météorologiques de plus en plus violents, 3 millions de réfugiés climatiques, déforestation massive, et 2015 a été une année record en matière de chaleur. Nous ne pouvons plus reculer devant les décisions à prendre. Limiter à 2°C le réchauffement d’ici 2020 exige de réduire de manière drastique le recours aux énergies carbonées, de promouvoir les énergies renouvelables, d’engager une démarche globale d’efficacité énergétique dans les transports, le logement,  les entreprises et les services publics, de développer les circuits courts et l’économie sociale et solidaire….. En fait agir pour la planète relève inséparablement d’une démarche sociale et écologique.  Agir pour le climat c’est agir pour un monde solidaire et habitable par tous.

L’heure n’est donc plus au double langage. Ainsi en France qui doit définir les priorités ? Total ou la puissance publique ? Sur quelle base ? L’intérêt du capitalisme fût-il vert ou l’intérêt général ? Qui a décidé de privatiser l’énergie ou de remplacer les trains par des autocars ?

A l’échelle de la planète les exemples abondent pour mesurer que productivisme aveugle et consumérisme irresponsable sont les 2 mamelles d’un libre marché mondialisé et financiarisé, prédateur de la nature et fabricant d’inégalités sociales. Il faut donc agir pour un autre mode de production et de consommation  socialement juste et écologiquement responsable.

Pour faire cela écoutons Nicolas Hulot : « Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir.  Sans la fin d’une finance occulte qui ne participe pas à la solidarité des Etats, toutes nos intentions, sincères ou pas, buteront sur l’impossibilité de tenir nos promesses. Osons reprendre la main sur la finance qui ignore l’intérêt général. Bref brisons cet ordre cannibale ».

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