Le printemps démocratique dans le monde arabe porte tout naturellement le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Les tunisiennes, principales militantes pour la défense des droits de l’homme, sont aux cœurs des luttes quotidiennes pour faire avancer le processus révolutionnaire dans leur pays.
Les égyptiennes, partie prenante du mouvement qui a eu la peau de Moubarak réclament la fin du code du statut personnel qui est totalement inspiré par la loi islamique.
Qui nous disait que la dictature égyptienne était un rempart contre la charia ?
L’histoire montre à nouveau que si l’égalité entre les citoyens est la pierre angulaire de toute démocratie, l’égalité femmes-hommes est le préalable à tout exercice de la citoyenneté.
Le souffle venu du Sud est salutaire parce qu’il montre que l’intégrisme n’est pas l’horizon indépassable de ces sociétés. Il donne aussi envie à tous ceux qui mènent ce combat chez nous. Car le féminisme, ici et maintenant, est plus que jamais d’actualité.
Regardez l’Italie avec Berlusconi et le retour des stéréotypes mysogines, sexiste et de l’avilissement mercantile de l’image de la femme. La résistance est d’une ampleur réjouissante : des centaines de milliers d’italiennes mais aussi d’italiens ont manifesté pour que l’Italie redevienne un pays de liberté et d’égalité, de dignité et de laïcité. Ce dernier combat est loin d’être inutile quand à Rome siège une hiérarchie catholique ultraconservatrice qui véhicule encore une vision archaïque de la femme : se nier elle-même pour mieux servir l’homme, se sacrifier et sublimer sa sexualité pour n’être qu’épouse et mère, n’avoir le choix qu’entre la virginité et la prostitution.
Et voilà le moment choisit par Nicolas Sarkozy pour ressusciter les « racines chrétiennes de la France ». Cette attaque frontale contre la laïcité au moment où il prétend la défendre contre l’Islam, dévoile la vraie nature réactionnaire de son projet de société : A-t-il l’ambition de renvoyer les femmes à la maison ? Le danger est immense dans un pays en crise où elles ont des salaires inférieurs aux hommes de près de 30 %, occupent la majorité des temps partiels et se chargent de 80 % des tâches domestiques. Sans oublier les violences qu’elles subissent dans un silence effrayant : en France une femme meurt tous les 15 jours sous les coups de son conjoint.
Partout, le féminisme est un combat contre les dominations patriarcales et masculines ; c’est aussi un combat de classe contre l’exploitation économique ; c’est enfin un combat contre la discrimination politique.
Avons-nous mesuré le recul considérable que va imposer la réforme territoriale en matière de parité puisqu’elle institue un mode d’élection qui va éliminer les femmes des conseils régionaux aggravant ainsi leur très faible représentation politique dans notre pays, une des plus faibles d’Europe !
Leur aliénation est aussi la nôtre : l’émancipation féminine donne la mesure de celle de l’ensemble du genre humain. « Vouloir être libre c’est vouloir les autres libres » écrivait Simone de Beauvoir. Le féminisme est un combat commun aux femmes et aux hommes pour en finir avec toutes les dominations, celles issues des profondeurs de l’histoire comme celles imposées par le capitalisme contemporain.
C’est un combat universel, libérateur et n’ayons pas peur des mots, révolutionnaire.
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