vendredi 4 mars 2011

Frédéric Mitterrand ou l’art de la repentance

Après avoir défendu, lors d’une émission télévisée de grande écoute, la dictature de Ben Ali qualifiée de non « univoque » ( !?) Frédéric Mitterrand dans un texte publié en Tunisie s’excuse platement auprès de ses amis tunisiens de les avoir blessés. C’est facile et l’histoire jugera ces rapports étroits que beaucoup d’hommes de droite mais aussi de gauche ont entretenus avec le Benalisme.

Mais puisque Frédéric Mitterrand, contrairement à son ami Nicolas Sarkozy, cultive l’art de la repentance, je voudrais lui suggérer de préparer dès aujourd’hui l’acte de contrition qu’il ne manquera pas de commettre quand l’épisode Sarkozy sera, derrière nous.

Il pourrait ainsi s’excuser :

- D’avoir démantelé le Ministère de la Culture préparant sa disparition et son remplacement par un Ministère de l’Economie et des Industries Culturelles si l’on en croit son ancien directeur adjoint de cabinet devenu depuis peu conseiller culturel du Président de la République.

- D’avoir osé accuser les artistes d’intimider le peuple et ainsi d’être responsable de l’échec de la démocratisation culturelle.

- D’avoir vendu notre patrimoine bâti à l’encan par exemple l’hôtel de la Marine à Paris en passe de devenir un lieu dédié aux marchands du temple minuscule pardon de l’art-marchand.

- D’avoir fait voter les lois qui accélèrent la répression contre les internautes et la googlebisation de notre patrimoine écrit en garantissant la rémunération des grandes entreprises culturelles mais pas forcément celles des auteurs et des créateurs.

- D’avoir docilement, dans le sillon creusé par Brice Hortefeux et Eric Besson, mis en scène la théorie sarkozienne de l’identité nationale en réalisant la Maison de l’Histoire de France au détriment de notre mémoire collective, les Archives Nationales. Au fait peut-être regrettera t-il, de n’avoir pas pensé installer son Musée dans l’Hôtel de la Marine, garde meuble de Louis XV qui était pourtant un élément majeur de l’identité nationale, celle de la monarchie absolue.

- D’avoir décidé que Céline ne méritait ni célébration (ce que tout le monde peut approuver compte tenu de son antisémitisme virulent), ni débat d’aucune sorte même contradictoire ce qui relève qu’on le veuille ou non d’une forme de censure à l’égard d’un écrivain qui aura marqué la littérature mondiale.

- D’avoir été par contre silencieux lorsque l’on interdit de parole publique, Stéphane Hessel, Régis Debray à Paris, Leïla Shahid à Marseille ou bien encore lorsqu’on a intimé à Marie N’diaye l’ordre de se taire.

Mais peut-être Frédéric Mitterrand considère t-il que le rôle d’un Ministre de la Culture n’est plus comme le voulait André Malraux de « penser le 21e siècle » mais d’être un bateleur de foire, le Monsieur Loyal d’une émission de télé réalité dont l’objet serait de célébrer l’endormissement de la pensée, la vente de notre imaginaire et la fin de nos libertés.

Malheureusement pour lui cette émission ne pourra plus être tournée à Hammamet ou à Carthage. Marrakech peut-être ?

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