vendredi 4 mars 2011

Multiculturalisme ou diversité culturelle ?

Nicolas Sarkozy repart en croisade : certains avaient naïvement cru qu’il avait abandonné sa campagne sur l’identité nationale. Et voilà qu’il s’engage dans une énième tentative de reconquérir l’électorat lepéniste. Cette fois-ci c’est sous la forme du refus du multiculturalisme, de « mettre des limites à l’Islam », de défendre la laïcité, en mettant en cause la place de l’Islam dans la République ».

Errare humanum est, perseverarer diabolium (l’erreur est humaine, persévérer est diabolique). Comme pour l’identité nationale, cette campagne n’a pas pour objet la défense de la République et de la laïcité. Stigmatisante à l’égard d’une religion, l’Islam, xénophobe à l’endroit de ceux qui la pratiquent, elle permet à Nicolas Sarkozy de surfer sur un thème porteur, la peur de l’étranger comme il le fait sur l’insécurité afin de tenter de regagner du crédit dans l’opinion.

Il n’ignore pas qu’une telle démarche légitime et conforte le FN. C’est même l’objectif recherché. Il s’agit de convaincre l’opinion de droite que pas grand chose ne la sépare des lepénistes et de préparer ainsi une future alliance. Il s’agit aussi de réduire le débat public à la compatibilité ou l’incompatibilité de l’Islam avec les valeurs de la République et prétendre que c’est l’origine de la crise du vivre ensemble dans la société.

Mais revenons sur le fond : le concept de multiculturarité ne correspond pas à la réalité. Il est utilisé pour faire peur à ceux qui sont légitimement attachés à la primauté de la langue française à l’indivisibilité de la République qui constitue le socle de notre communauté nationale. En revanche il existe en France des langues et des cultures minoritaires qui sont des produits de notre histoire. Elles relèvent des spécificités régionales et des migrations successives et plurielles qui ont contribué au peuplement de notre pays, à sa richesse économique mais aussi linguistique, culturelle et…. gastronomique.

De ce point de vue il faut combattre cette vision sarkozienne, assimilationniste et néo coloniale, qui a longtemps dominé l’intégration à la communauté nationale.

La reconnaissance de la diversité culturelle (et non du multiculturalisme que personne ou presque ne réclame) est profondément démocratique et totalement compatible avec la défense d’une langue française ouverte sur le monde d’aujourd’hui et la promotion des « humanités », socle de notre culture commune. Si elles sont en danger ce n’est pas du fait de l’Islam mais des politiques éducatives et culturelles menées ces dernières années.

Ce qui menace la laïcité et les autres valeurs de la République ce n’est pas l’Islam. La loi 1905 permet de traiter dans le respect de nos valeurs, la pratique d’une religion partagée par des millions de nos concitoyens. Elle garantit en effet tout autant la liberté des cultes et la stricte séparation de leur exercice avec celui de l’Etat.

Ce qui menace la laïcité et la République ce sont plutôt les politiques économiques, sociales et culturelles qui poussent au délitement du vivre ensemble, qui cassent les solidarités au profit d’une division du peuple, qui favorisent les replis communautaristes et les dérives fondamentalistes.

Faire société c’est plus que jamais affronter la crise de civilisation que nous connaissons en combattant les peurs, en promouvant les solidarités, en garantissant les libertés. Tout le contraire des politiques menées actuellement.

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