Comme l’a dit Gérard Piel, le Président du Groupe Front de Gauche, lors de son intervention sur le budget, la baisse du soutien à la culture, la remise en cause du financement de plusieurs opérations, nous inquiète sérieusement.
La culture n’est pas un secteur parmi d’autres de l’action publique. Elle en donne souvent le sens global et participe activement à notre ambition émancipatrice au service de tous au même titre que l’éducation ou la recherche.
L’art et la culture subissent actuellement des attaques sans précédent de la part du gouvernement. Sous prétexte de lutter contre l’élitisme il prétend défendre une culture pour chacun au détriment de l’appropriation par tous de toutes les cultures. Chacun dans son quartier, dans sa communauté, dans sa religion. En réalité sa politique conduit à en faire de vulgaires marchandises, des « produits culturels » qu’il livre aux appétits des grands groupes industriels et financiers. En même temps il démantèle systématiquement les politiques publiques de la culture, le ministère lui-même et ses directions régionales. Faisant cela il amoindrit la puissance publique au profit des intérêts mercantiles, il casse les solidarités au profit d’une segmentation et d’une division du peuple, il favorise la production en série d’une culture au rabais.
Face à cette situation notre inquiétude est à la hauteur de celle du monde de la culture. Comme le répète souvent mon ami Jack Ralite, « lorsqu’un peuple abandonne son imaginaire aux affaires il se condamne à des libertés précaires ». J’ajouterai qu’il ouvre ainsi la porte à toutes les barbaries, à tous les replis identitaires et à des reculs de civilisation.
C’est pourquoi, notre groupe pense qu’il est de la responsabilité des collectivités territoriales surtout quand elles sont dirigées par des majorités de gauche de résister, de refuser d’accompagner si peu que ce soit cette véritable régression de civilisation à laquelle nous assistons. N’oublions pas que sur 10 milliards d’euros de dépense publique en faveur de la culture 7 sont assumés par les collectivités. D’ailleurs les français eux-mêmes résistent : jamais les théâtres, les expositions, les concerts de musique, les cinémas n’ont connu de telles affluences.
Savez-vous qu’il y a eu plus de monde dans les théâtres marseillais au terme de la dernière saison que de spectateurs au stade Vélodrome ? Savez-vous que jamais la poésie des rappeurs et des slammeurs n’a eu autant de succès chez les jeunes des quartiers populaires ? En outre, la culture est un formidable gisement d’innovation et d’emploi ; en PACA la filière culturelle offre plus d’emplois que la filière aéronautique et la part de la culture dans le PIB est supérieure à 3 %.
Mais sur un plan plus fondamental, la crise de sens, la perte de repères, le déficit de confiance à l’égard de la politique qui nous inquiètent tant, imposent que nous soyons attentifs au fait que la culture est plus que jamais la condition de la politique surtout quand la politique se fixe comme ambition forte l’émancipation humaine, l’écologie sociale et la démocratie citoyenne. En d’autres termes la culture est la condition d’une politique de civilisation pour reprendre l’expression d’Edgar Morin.
Pour ne prendre que quelques exemples parmi d’autres, mettre en cause l’existence de structures culturelles, comme le Chœur Régional, de revues littéraires comme la Pensée de Midi ou encore d’espaces de débats d’idées comme les Rencontres d’Averroès nous semblent particulièrement inappropriés et brouillent le message de résistance que nous adressons à juste titre à nos concitoyens de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Monsieur le Président, je voudrais vous faire part du désarroi des acteurs culturels, j’en appelle à votre arbitrage et à votre sensibilité que j’ai pu apprécier durant le précédent mandat afin que nous redressions la barre lors du prochain budget supplémentaire.
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