Cette semaine les Inrockuptibles et Télérama soulignent la faiblesse du programme du PS en matière d’art et de culture. Il faut le regretter mais faut- il s’en étonner ? Un projet culturel va de pair avec l’ambition de changer la vie et la société, malheureusement absente du programme socialiste.
Alors que nous sommes confrontés à une formidable régression des politiques publiques de soutien à la culture de la part d’une droite obscurantiste et populiste force est de constater que des collectivités territoriales de gauche font de même à l’exemple de notre région dont le budget 2011, pour la première fois depuis 1998 est en recul sensible.
L’art et la culture sont au cœur d’une politique de transformation sociale et d’émancipation humaine, de révolution citoyenne et de planification écologique que la gauche est censée porter. Pour elle la culture n’est pas une thématique parmi d’autres. Elle donne le sens global de l’action publique et elle mobilise des acteurs qui occupent une place éminente dans le tissu éducatif, social, économique et médiatique. L’art en renouvelant notre regard sur les choses et le monde, en nous interpellant, parfois en nous dérangeant nous aide à accueillir les différences et la diversité contribuant ainsi à lutter contre les postures conservatrices, de repli et de crainte de l’autre.
La création artistique, l’action culturelle, l’éducation populaire au même titre que la production et la diffusion des idées et des savoirs sont des enjeux politiques majeurs pour ceux qui portent l’ambition d’un changement de société et de civilisation. Imagine t-on la gauche abandonner l’Education Nationale ?
C’est pourquoi, il faut résister et combattre le pouvoir qui démantèle à coups de RGPP, le ministère, les DRAC et les dispositifs publics et qui veut soumettre la culture à l’ordre de l’argent en poussant les feux de la marchandisation, à l’ordre moral de l’identité nationale enfin à l’ordre du divertissement qui domine un appareil audiovisuel soumis idéologiquement et politiquement. Dès aujourd’hui les collectivités de gauche doivent soutenir activement toutes les résistances à cette entreprise liquidatrice. La première forme de soutien consiste à ne pas accompagner cette politique, car le faire c’est la conforter voire la légitimer. Nous faisons alors des choix contraires à nos ambitions pour demain. Convaincu de cela, le Front de Gauche tiendra le 2 mai à Paris un premier Forum sur l’art et la culture qui sera suivi par d’autres dans les régions en particulier à Marseille.
A l’heure où les vieux démons travaillent à nouveau la société française, où l’obscurantisme et le populisme se conjuguent à de formidables régressions sociales et démocratiques il est urgent, à gauche de retrouver les chemins de l’espérance et de l’utopie. L’art, la culture et les savoirs sont les conditions d’une politique de gauche authentiquement transformatrice et qui se fixe pour ambition de dépasser les dominations et les aliénations générées par un capitalisme en crise majeure.
Seule la culture ouvre la voie de la liberté et de la civilisation.
PS : L’attentat contre la liberté de création à la Collection Lambert à Avignon par des catholiques intégristes est un véritable acte totalitaire qui confirme le diagnostic que je viens de faire. Il s’inscrit dans le climat actuel provoqué et entretenu par Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, l’UMP et le FN, contre la République et la Laïcité.
« Il est encore fécond le ventre d’où a surgi la bette immonde » aurait dit Bertolt Brecht.
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