jeudi 26 mai 2011

DSK : Et si on parlait projet ?

La solidarité de caste qui entoure l’ex directeur du FMI a quelque chose d’indécent et de profondément choquant. Bien sûr il est, comme tout inculpé, présumé innocent. Mais la jeune femme, comme l’ont rappelé MG Buffet et J.L. Mélenchon « n’est pas présumée coupable, elle est présumée victime ». Jack Lang, BHL, R. Badinter, J.F. Kahn et trop de dirigeants socialistes ont eu des propos indignes laissant entendre que la parole des femmes victimes de violences sexuelles est à priori suspecte, peut-être parce qu’il s’agit d’une femme de ménage noire et immigrée ? Gisèle Halimi a raison d’être déçu et de rappeler que « s’il y a une chose qui doit prévaloir sur l’esprit de clan c’est le respect des femmes ou alors qu’on ne nous parle pas de socialisme ».

Mais pourquoi cette sale affaire revient-elle comme un boomerang et est-elle aussi mal vécue par les responsables et militants socialistes ? A mon sens parce que ceux-ci ne parviennent pas à penser la politique autrement qu’en termes délégataires (la femme ou l’homme providentiel) et en termes présidentialiste le pouvoir d’un(e) seul(e). D’aucuns croyaient que le PS avait entamé une réflexion sur la 6e République où la démocratie prendrait le pas sur le pouvoir personnel instauré par le Général de Gaulle en 1958, conforté en 65 par l’élection au suffrage universel, à la fin des années 90 par l’inversion du calendrier électoral par L. Jospin, donnant la primauté à la présidentielle sur les législatives.

Et si on parlait projet en lieu et place du « culte de la personnalité » ?. Ce qui m’a toujours posé problème chez DSK ce n’est pas sa vie sexuelle, qui ne regarde que lui tant qu’elle est fondée sur le libre consentement. C’est son attachement ultralibéral aux dogmes du capitalisme financiarisé et mondialisé, c’est son action à la tête du FMI où il a mis en œuvre une politique d’austérité pour les peuples, de privatisation des services publics, de soutien aux actions prédatrices des banques et des fonds d’investissements. La Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne le savent bien. En se réclamant de la gauche tout en menant une politique de droite, on aggrave le désarroi du peuple de gauche et on contribue à lui faire perdre ses repères.

La gauche n’a pas besoin de femmes ou d’hommes providentiels. Ce qui lui manque c’est un projet de rupture avec les logiques du profit et de la libre concurrence, qui fonde en Europe le traité de Lisbonne dont la France, qui a voté non au TCE, doit exiger l’annulation et la négociation d’un nouveau traité. La gauche française doit rompre avec le sarkozysme et revenir sur la casse des retraites, de l’école et de la santé publiques, l’injustice fiscale, la vie chère, le précariat généralisé, la mise en l’encan du logement social, l’autoritarisme et le sécuritarisme, la réforme territoriale.

Il faut donc réinventer une politique de gauche qui prend le contre pied des directives du FMI et de la Commission Européenne. Une politique où les valeurs d’émancipation humaine, de progrès social et de développement durable inspirent des nouveaux rapports entre le capital et le travail, entre le genre humain et la nature, entre les biens communs et leur gestion publique, où l’ambition de vivre ensemble inspire une égalité réelle entre les femmes et les hommes, une révolution citoyenne où chacun(e) compte pour un(e) et où une démocratie participative à tous les niveaux et dans tous les lieux fabrique à nouveau de l’égalité, de la fraternité et de la liberté.

Il faut s’indigner, il faut aussi rêver et s’engager.

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