mardi 17 mai 2011

La diversité est une richesse

Maintenant que les lampions de la crise des quotas dans le football se sont éteints et que les médias sont passés à autre chose, il est vital de tirer les bons enseignements de cette ténébreuse affaire.

Pourquoi les candidats aux centres de formation sont-ils majoritairement issus des migrations qui depuis des décennies forment l’essentiel de la classe ouvrière ?
Parce que le football, sport populaire par excellence, a toujours représenté pour les jeunes des quartiers populaires, le moyen d’échapper à l’usine, au précariat et au chômage, l’espoir de la promotion sociale.
Qui se trouve aujourd’hui dans cette situation ? Comme hier les générations issues des immigrations récentes et qui vivent dans les zones urbaines dites « sensibles ». Sans aucun doute dans une galère plus grande qu’hier : l’école en crise n’est plus un tremplin social, l’accès à l’emploi est bouché et la discrimination plus systématique.
Le football et le sport en général leurs apparaissent comme l’espace unique d’expression de leurs qualités, le seul moyen de prendre place dans l’ascenseur social.

Le passé leurs sert de référence : les plus grands joueurs de l’histoire de l’équipe de France s’appellent Larbi Ben Barek, la perle noire de Casablanca, Raymond Kopa, fils d’un mineur polonais, Michel Platini, descendant d’immigrés italiens et actuel Président de l’UEFA, Zinedine Zidane, fils d’un travailleur Kabyle, Thierry Henry, meilleur buteur de l’équipe de France ou Lilian Thuram recordman des sélections, tous deux antillais et je vous épargne les Piantoni, Amoros, Tigana, Dorasso, Djorkaeff père et fils…. Quel serait le palmarès de la France si l’on avait appliqué des quotas discriminatoires à leurs égards ? Dans ce domaine comme dans d’autres, l’immigration n’est pas un danger c’est une richesse.

Cette affaire en dit long sur la crise que connaît la Fédération Française de Football après l’échec de l’Afrique du Sud. Une Fédération où la diversité n’est quasiment pas représentée dans ses organes de direction, qui est incapable de valoriser le métissage parce qu’elle n’a rien appris de sa propre histoire et qui semble déconnectée de la réalité vécue par les jeunes de nos cités qui courent après un ballon comme on court après son avenir.

S’agit-il d’un simple débat technique parce que la DTN veut former des joueurs moins physiques et plus créatifs ? Oui les centres de formations doivent retrouver les vertus de ce qu’on appelait le « jeu à la française » privilégiant l’intelligence sur la force. Mais en quoi cela passe t-il par l’élimination des « blacks et des arabes » ? Pelé le joueur le plus génial de l’histoire du football était petit et noir !
C’est la domination écrasante de l’argent dans le football, exacerbant la concurrence sur le marché des joueurs qui fait que les nations se disputent les binationaux, et que l’on a privilégié une formation physique au détriment d’une pratique plus technique et créative. Merci au Barça et à l’équipe d’Espagne de nous avoir rendu le plaisir de voir un match de football.

La question n’est pas de stigmatiser notre sélectionneur ou nos éducateurs dont tout le monde reconnaît les qualités humaines. Mais chacun doit prendre conscience que les valeurs d’égalité et de fraternité sont tellement mises à mal dans notre République qu’il est indispensable de faire un effort pour décoloniser son esprit, le débarrasser du racisme ordinaire, qui pollue consciemment ou non nos comportements au point que l’on fait parfois du lepénisme comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir.

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