lundi 24 octobre 2011

Un crime d’Etat.

Il aura fallu attendre cinquante ans pour que la répression sanglante qui s’est abattue sur la manifestation des immigrés algériens en faveur de l’indépendance de leur pays à l’appel du FLN à Paris le 17 octobre 1961, perce enfin le mur du silence.
L’installation définitive dans notre pays des populations issues des immigrations coloniales, singulièrement les algériens et leur irruption dans les champs politique et culturel explique ce nouveau regard sur cette part obscure de notre histoire. De même le procès de Papon pour son action durant l’occupation a mis en lumière son rôle comme Préfet de Police à Paris en 61 mais aussi en février 62 lors de la répression au métro Charonne de la manifestation en faveur de l’Algérie à l’appel principalement du PCF et des syndicats CGT, FEN et UNEF.
Mais Papon, certes avec zèle, a obéi chaque fois aux ordres et il reste que c’est sur la nuit du 17 octobre 61 qu’un silence de plomb va peser durant des décennies. Il prolonge le refus largement répandu dans l’inconscient collectif national qui n’assume pas un fait pourtant indiscutable : la guerre d’Algérie a été une sale guerre coloniale contre un peuple engagé dans une lutte légitime pour son indépendance. Il y a ceux à droite qui s’acharnent encore aujourd’hui à nier l’évidence. Mais à gauche hormis les communistes, ils n’ont pas été si nombreux ceux qui au long de ces années ont dénoncé le crime : il faut rendre hommage notamment à l’écrivain Didier Daenincks (« Meurtres pour mémoire » 1984) où à l’historien J.L. Einaudi (« La bataille de Paris » 1991) qui sauve l’honneur perdu de l’Université particulièrement silencieuse dans cette affaire.
La leçon mérite d’être retenue et il faut se féliciter qu’aujourd’hui, un nombre important d’ouvrages, plusieurs médias, des productions théâtrales et audiovisuelles réveillent notre mémoire collective et posent avec force la question de la reconnaissance officielle de ce crime d’Etat.
Nicolas Sarkozy prompt à exiger des Turcs la reconnaissance du génocide arménien devrait donner l’exemple et admettre la responsabilité de l’Etat dans la violence policière qui a fait des centaines de morts en ce soir terrible d’octobre 1961.
Au moment où l’on célèbre les victimes des nazis à Châteaubriand, il ferait preuve du même courage politique que son prédécesseur qui a admis la responsabilité de la France dans l’assassinat et la déportation de centaines de milliers de français et d’étrangers vivants sur notre sol.
N’oublions pas que nous célébrerons le 19 mars 2012 le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie et la reconnaissance de son indépendance.
L’enjeu est immense. Il s’agit de reconnaître l’égalité de chacune et chacun quelques soient ses origines au sein de notre communauté nationale, de refonder nos liens d’amitiés avec le peuple algérien et au-delà avec le monde méditerranéen et de favoriser le vivre ensemble dans notre pays.

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