jeudi 12 janvier 2012

« Quelle humanité voulons-nous être ? »

Lorsque le philosophe Lucien Sève pose cette question dans un article récent il met le doigt sur un enjeu central. Si je n’avais qu’un seul vœu à formuler pour 2012 j’aimerai que cette année, décisive sur le plan politique, permette d’y apporter un début de réponse. En mettant un terme à l’expérience désastreuse de la droite elle pourrait contribuer à inverser la tendance au déclin et à réinventer les voies de l’émancipation. A condition que la gauche prenne majoritairement conscience que le capitalisme soumet les êtres humains, la nature, la pensée comme la production matérielle à la recherche exclusive du profit et qu’il faut en finir avec cette logique. Les dégâts occasionnés sont dramatiques sur le plan social et écologique mais aussi sur le plan culturel : ils sèment le trouble, cultivent le désespoir, provoquent le repli sur soi, l’agressivité à l’égard de l’autre. Tout cela ne manque pas d’être exploité par les populistes de tous poils instrumentalisant la figure de Jeanne d’Arc à des fins nationalistes et électoralistes.
Rien n’est plus urgent que de combattre les peurs, renouer les solidarités, retrouver des raisons d’espérer et d’agir pour une société où l’humain et son environnement sont au centre de l’action politique.
Le débat des présidentielles gagnerait à quitter le jeu des petites phrases et des gros mots et à s’élever à cette hauteur. Nous prendrions alors la mesure du fait que derrière les candidats et leurs programmes il y a ceux qui vantent ou s’accommodent d’une société marchandisée et ceux, tel le candidat du Front de Gauche, qui défendent une société humanisée. Ainsi la TVA « sociale » est-elle un dispositif de lutte contre les délocalisations où un nouveau plan d’austérité pour 99 % de la population tandis que 1 % en profiterait. Les réformes scolaires et universitaires sur l’autonomie ont-elles pour objectif de favoriser une gestion efficace des établissements où leur mise en concurrence exacerbée, l’aggravation des inégalités face aux savoirs et aux métiers ? La réforme territoriale et la RGPP sont-elles une rationalisation du « mille feuilles institutionnel », et du « trop d’état » où la technocratisation à l’extrême de l’administration, le démantèlement de la démocratie locale, la réduction à sa plus simple expression du service public pour le plus grand bénéfice des marchés à la recherche d’investissements juteux ?
La dépense publique en faveur de l’école, la culture, la recherche, la santé, la sécurité sociale, de même les salaires et les retraites, sont-ils des coûts qu’il faut à tout prix réduire ou les vrais investissements d’avenir ?
En ce début d’année cette liste pourrait s’allonger tel un inventaire à la Prévert. Je préfère constater que nous sommes de plus en plus nombreux en France et dans le monde à refuser le malheur et à aspirer à un monde de paix, de justice, de liberté, de respect de la nature et de citoyenneté. Rassemblons-nous et «  empêchons de dormir ceux qui nous empêchent de rêver » comme le proclament les indignés de Madrid. En 2012 n’oublions pas que l’utopie n’est pas ce qui est irréaliste c’est ce que nous n’avons pas encore réalisé.

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