vendredi 12 octobre 2012

Traité européen : la messe n’est pas dite !

Le débat public sur le traité budgétaire européen commence à s’imposer. Après le vote négatif du Conseil fédéral d’Europe Ecologie-les Verts et à la veille de la grande manifestation organisée par le Front de gauche et beaucoup d’autres organisations, ses partisans ont de plus en plus de mal à défendre le caractère austéritaire de leur démarche.
A l’inverse la prise de conscience de la nocivité du pacte européen grandit : il ne faut pas sortir des grandes écoles pour comprendre que l’austérité conduit à la récession économique et à des régressions sociales, écologiques et culturelles. S’il était ratifié le traité rendrait impossible tout investissement public pour répondre aux besoins des populations.
Comme le clament deux prix Nobel d’économie J. Stiglitz (2001) et P. Krugman (2008) l’austérité est destructrice sur le plan social mais aussi sur le plan fiscal et budgétaire. Ils ajoutent qu’un pays sans emplois est une situation beaucoup plus dramatique qu’un pays endetté, que le creusement des inégalités est mortifère pour nos sociétés et que la transition écologique ne peut avoir lieu dans une réduction généralisée des acquis sociaux. Servir les intérêts des marchés financiers rend aveugle et sourd. Comment ne pas voir que cette politique a conduit dans un gouffre la Grèce et s’apprête à faire de même dans d’autres pays européens. Comment ne pas entendre la voix des peuples qui refusent cette perspective. Près de 50 % des français réclament d’être consultés (CSA). Comment justifier le fait de tenir les peuples à l’écart de la construction européenne et se plaindre ensuite de la défiance populaire à l’égard de l’Europe ?
Il y a loin de la coupe aux lèvres : les obstacles se multiplient sur la route des partisans du traité. Une part non négligeable des députés socialistes, l’essentiel des parlementaires écologistes vont rejoindre ceux du Front de gauche dans leur opposition à la ratification. Au point que le Figaro se réjouit que le traité soit ratifié grâce à la droite.
La peur a changé de camp : la droite mais aussi le capital et les grands médias à leur service volent au secours du PS. L’UMP et le Monde invitent F. Hollande à exclure les ministres écologistes du gouvernement. Cela rappelle étrangement l’injonction américaine en 1947 au gouvernement français de chasser les ministres communistes coupables de soutenir les luttes ouvrières et de refuser la guerre froide.
La coalition de 2005 en faveur du traité constitutionnel qui gravait dans le marbre l’ultra libéralisme se reconstitue sous nos yeux. Que l’on ne nous renvoie pas l’argument que l’extrême droite combat elle aussi le traité. Notre refus est l’opposé de celui qui la motive alors que les partisans du traité sont sur la même ligne celle de l’austérité. Le FN se nourrit des renoncements de la gauche face au monde de la finance. Il ne faut surtout pas laisser le terrain au discours nationaliste et xénophobe et lui opposer une gauche combative porteuse d’une autre conception de l’Europe, celle qui fait le choix de l’humain et de la planète contre celui de la compétitivité et la finance.
Décidément la messe n’est pas dite.

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