lundi 15 octobre 2012

Violences

Plusieurs faits dramatiques récents ont été médiatisés avec une telle ampleur que c’est devenu le sujet du jour.
Qui se soucie du fait que ces évènements sont si différents les uns des autres que tout amalgame relève au mieux de la malhonnêteté intellectuelle. Quel rapport entre l’agression d’un professeur par un élève ou ses parents et le drame de Grenoble ? Quel rapport entre les règlements de compte entre « dealers » de drogue et les cambriolages prétendument perpétrés par des populations étrangères, les Roms que l’on désigne à la vindicte publique ?
Autre contrevérité complaisamment répandue : l’insécurité serait en progrès. Or, toutes les statistiques, y compris celles du Ministère de l’Intérieur, montrent qu’elle a considérablement reculé, en particulier les homicides.
Les questions essentielles ne sont jamais traitées. Pourquoi existent-ils des actes violents et quels types de réponses faut-il y apporter. Encore faut-il s’entendre sur la définition de la violence, trop restrictive : pourquoi se réduirait-elle aux actes de délinquances ?
Chaque jour 250 viols de femmes sont perpétrés et une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les 3 jours. Des ouvriers sont licenciés et jetés comme des citrons que l’on a trop pressés. Des jeunes sont exclus par milliers du système scolaire et par voie de conséquence d’un travail stable, intéressant et bien rémunéré.
Pour reprendre le cas des Roms : l’acharnement depuis le sommet de l’Etat, à les empêcher de s’installer quelque part, (il s’agit pourtant d’européens), à leur dénier tout simplement le droit de vivre ne relève-t-il pas d’une violence inouïe ?
Va-t-on enfin mesurer à quel point la société inégalitaire dans laquelle nous vivons, ce monde vermoulu par l’argent, la concurrence entre les individus, la peur et la haine de l’autre portent en germes une violence quotidienne.
Fort heureusement notre société recèle en elle-même des ferments de solidarité qui s’expriment à chaque fois. Encore faut-il que nos gouvernants favorisent cela plutôt que de promulguer une loi ou un dispositif liberticide de plus sous prétexte de ne pas sombrer dans le laxisme ou l’angélisme.
Expulser sans cesse les Roms sans apporter de solutions humaines et globales aux besoins de ces familles est cela ne pas être laxiste ? Jusqu’où ira-t-on, la solution finale ? Idem pour la jeunesse en difficulté des cités populaires : de répression en centres fermés on résout quoi ?
Quelle humanité voulons-nous être ? Quelle société voulons-nous construire ? Une société de division et de haine ou une société solidaire ?
Comment ne pas constater que si l’on refuse toute réponse globale en termes d’emplois, de logements, d’éducation, de culture, c’est parce que l’on met en œuvre une politique d’austérité, de récession et de réduction de la dépense publique. S’il doit y avoir aussi une réponse policière il faut se rappeler que pour être efficace la mission de la police ne doit pas être exclusivement répressive. Les gesticulations sarkoziennes de Manuel Valls ne changeront rien à l’affaire.
Soyons angéliques avec Aragon :
« Ce qu'on fait de vous hommes femmes. O pierre tendre tôt usée. Et vos apparences brisées. Vous regarder m'arrache l'âme ».

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