jeudi 22 novembre 2012

Une question ethnique ou sociale ?

L’image montrant les Présidents des communautés juives et musulmanes sur le perron de l’Elysée m’apparaît comme un coup de canif très sérieux au pacte laïque et républicain.
Voilà donc le message terrible envoyé au peuple français : lorsque quelques jeunes fraichement convertis à l’Islam se livrent à des actes terroristes au caractère antisémite clair, c’est aux dirigeants religieux et communautaires que l’on s’adresse pour affronter les questions que pose un tel évènement.
Comment un Président de la République qui se prétend de gauche peut-il cautionner à ce point le processus en cours d’ethnicisation des rapports sociaux et de communautarisation de la politique ? Ce processus rêvé par les Le Pen et le FN depuis une trentaine d’années a connu un début de mise en œuvre par Nicolas Sarkozy. La gauche s’honorerait plutôt de le dénoncer au lieu de l’encourager.
N’est-ce pas scandaleux de laisser penser que la crise de société que nous traversons avec son cortège de misère et de chômage, d’insécurité et de violence, de désocialisation et de perte de repères, se réduirait à un conflit identitaire, religieux et communautaire entre les arabes et les juifs !
L’amalgame, établi comme une évidence entre Islam, islamisme et terrorisme, ne tient pas une seconde : Personne ne se pose la question de savoir pourquoi les jeunes délinquants en rupture de ban et qui en veulent à la terre entière le montre en revêtant l’habit de l’Islam en s’en prenant à une épicerie cascher ? Puisque tous les observateurs considèrent qu’il s’agit d’une affaire purement française on peut penser que ces jeunes sont persuadés de s’identifier à ceux qui leurs apparaissent comme les principales victimes d’une société inégalitaire et qui les exclut aussi. Il n’y a bien sûr aucun rapport avec les campagnes islamophobes désignant les immigrés, qualifiés désormais de musulmans, de responsables de tous les maux de la société française, du chômage à la violence, de l’antisémitisme « au racisme anti blanc » pour parler comme J. F Copé. Lorsqu’on fait référence à l’affaire Mohamed Merah, autre histoire française, on oublie sciemment de rappeler qu’avant de s’en prendre aux élèves d’une école juive, ses 2 premiers meurtres ont atteint 2 jeunes soldats français de confession musulmane.
Méditons sur les propos de la mère de l’un d’entre eux : « trop de jeunes des cités populaires issus ou non de l’immigration, musulmans ou non, sont dans une telle situation d’exclusion que les plus fragiles d’entre eux rêvent de passer à l’acte contre cette société qu’ils rejettent globalement ». Que l’on me comprenne bien, je ne justifie rien, je n’excuse personne, je condamne tout acte violent et toutes les formes de racisme et d’antisémitisme ; mais ce n’est pas en bafouant la laïcité, en substituant à la question sociale un prétendu conflit religieux, que l’on résoudra les problèmes de cette jeunesse, victime d’un système, le capitalisme, fort peu religieux au demeurant, puisqu’il a fait le choix de la course effrénée à l’argent au détriment du respect de la condition humaine.

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