vendredi 23 novembre 2012

Pigeons, moutons et ……. dindons !

La dernière mode chez les chefs d’entreprise est d’invoquer les animaux de la ferme pour symboliser le combat qu’ils mènent contre le gouvernement. Après les pigeons, ces jeunes patrons de « start up » innovantes qui ont obtenu partiellement satisfaction sitôt après avoir envahi le Net avec une pétition, voici donc les moutons qui regroupent cette fois-ci des PME, qui menacent de licencier massivement si on ne cesse pas immédiatement « le matraquage fiscal » dont ils s’estiment être les victimes. Le MEDEF exige que le gouvernement revoie totalement sa copie en matière fiscale. Croyez-vous qu’il réclame la fin de l’austérité ? Que nenni ! Les patrons sont d’accord pour une politique de rigueur à condition qu’elle ne touche que les ménages à bas et moyens revenus ainsi que la dépense publique.
Ils clament haut et fort qu’ils ne sont ni des pigeons que l’on gruge, ni des moutons que l’on tond mais à l’arrivée ils refusent de voir que les dindons de la farce ce sont toujours les mêmes : les salariés, tous ceux qui vivent de leur travail et non des revenus du capital.
Faut-il rappeler qu’en quelques années le capital a transféré en provenance du travail quelques 185 milliards d’euros déséquilibrants de 10 % à son profit le rapport capital/travail. Pour reprendre Shakespeare, il y a quelque chose de pourri au royaume du …..   patronat.
Est-il acceptable qu’une entreprise qui fait des bénéfices faramineux, Sanofi, envisage des licenciements ? Est-il admissible qu’une autre, Alcatel Lucent, voit son action en bourse s’envoler après avoir annoncé un plan de licenciements ? Sans parler de PSA, Pétroplus, FRALIB et autre Arcelor Mittal, qui font payer à leurs salariés des erreurs stratégiques où des relocalisations destinées exclusivement à augmenter les dividendes de leurs actionnaires.
Tout cela m’inspire deux remarques : une entreprise est-elle là d’abord pour créer du profit en jouant avec la vie de milliers d’êtres humains dont le seul tort est de n’être qu’un pion dans un jeu dont ils ne maîtrisent pas les règles alors que ce sont eux qui créent la valeur ?
Il est urgent de mettre fin au pouvoir quasi monarchique des actionnaires sur les entreprises et d’ouvrir leurs conseils d’administration aux salariés, aux élus locaux et aux usagers avec de réels pouvoirs. Voilà une ambition de gauche. Dans l’immédiat, au lieu de s’affoler devant la mobilisation de quelques pigeons et autres moutons le gouvernement ferait mieux d’appliquer un des engagements de F. Hollande : l’interdiction des licenciements boursiers.
Enfin cette mobilisation indécente me conduit à reposer la question soulevée par une autre mobilisation, massive celle-là, contre le traité européen : l’austérité est-elle la bonne réponse à l’immense enjeu que représente la courbe exponentielle du chômage et la récession qui nous guette ?
Nombreuses sont les voix qui alertent sur les dangers d’une telle politique. Même le FMI, dont on connait pourtant la passion pour les logiques libérales, considère que l’objectif des 3 % de déficit est inaccessible et dangereux à tous égards.
Errare humanum est, perseverare diabolicum.

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