jeudi 29 novembre 2012

Droit de vote des étrangers : la malédiction

Le virage libéral de François Hollande ne fait pas de l’emploi et de la justice sociale les seules victimes : le droit de vote pour les étrangers aux élections locales en fait partie.
Est-ce d’ailleurs un hasard si l’abandon de cet engagement présidentiel accompagne la ratification du traité européen, le choix d’un budget austérité pour 2013, celui d’un pacte de compétitivité qui doit tout aux thèses du patronat ?
Tout se passe comme si le « compromis historique » tant vanté par F. Hollande prenait les allures d’une bérézina face au MEDEF, à la droite et même à l’extrême droite. Cela fait mal, très mal d’entendre le porte-parole de Marine Le Pen mais aussi de l’UMP E. Ciotti se réjouir de la décision présidentielle de renvoyer aux calendes grecques cette revendication déjà ancienne d’accorder aux étrangers le droit de vote et pas seulement aux élections locales. C’est la 3ième fois en 30 ans que le parti socialiste, après l’avoir inscrit dans son programme se dégage sitôt arrivé aux affaires. Nous savons bien, à gauche, que l’on ne perd que les combats que l’on ne mène pas.
Le « courage fuyons » de F. Hollande face à la mobilisation des droites est de la même veine que celui opéré face aux dictats des marchés financiers. Là aussi il s’agit d’un recul en termes de projet politique : celui qui fait de l’émancipation humaine, du vivre ensemble et de l’ouverture aux autres, l’apha et l’oméga d’une vision progressiste du monde. C’est sur cette base que la révolution française avait proclamé la supériorité du droit du sol sur le droit du sang.
Outre cette référence majeure, les arguments ne manquent pas pour affronter, lors d’un référendum, les droites unies et mobilisées contre un droit reconnu désormais dans la majorité des pays européens.
Dans notre pays, les étrangers européens sont déjà autorisés à participer à nos scrutins locaux. Pourquoi donc le refuser aux autres sinon par racisme, xénophobie encore disons le mot par islamophobie ?
La France doit beaucoup à ses immigrations : démographiquement c’est grâce à elles que nous avons un solde positif. C’est l’inverse en Allemagne qui se pose sérieusement la question d’ouvrir à nouveau ses frontières.
Economiquement, outre les richesses produites par leur travail, les immigrés rapportent à l’Etat.
L’Express vient de découvrir ce que tous les économistes savent : la différence entre prestations sociales accordées aux étrangers et fiscalité payée par eux est de 12 milliards au profit de l’Etat.
Culturellement, qui peut nier l’apport des générations issues des dernières migrations dans la création artistique, le sport ou encore la gastronomie : nos sondages nous apprennent que le couscous est devenu le plat préféré des Français.
Comment donc refuser aux parents de ces nouvelles générations de français le droit de s’exprimer localement ? Quel signal la République leur adresse quand on sait que leurs enfants subissent la double peine de la crise et des discriminations liées à leurs origines ?
Une reconnaissance sociale, culturelle et politique de ces « français de préférence » pour reprendre la formule d’Aragon dans l’Affiche rouge, constituerait un formidable atout pour notre jeunesse et pour notre pays.
Je dis les choses comme je les ai ressenties : le propos pitoyablement politicien du Président de la République sur cette question m’a profondément heurté. Mais refusant la malédiction qui nous hante, je suis prêt avec d’autres à continuer le combat. J’en appelle à toutes les femmes et à tous les hommes de cœur y compris les militants socialistes à qui j’ai envie de dire parodiant le Marquis de Sade « encore un effort pour être de gauche »

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