vendredi 30 novembre 2012

Le mariage pour tous : un droit à l’égalité

Les voltes faces à répétition de F. Hollande sur les questions de société ne laissent pas d’inquiéter sur sa volonté réelle de tenir ses engagements de campagne : après le quasi enterrement du droit de vote aux étrangers, le refus d’ouvrir les débats sur le cannabis ou le droit de mourir dans la dignité voilà qu’il alimente, par ses ambiguïtés la mobilisation de ceux qui sont vent debout contre le mariage pour tous. La liberté de conscience ne sera finalement pas dans la loi mais ses atermoiements incitent les maires hostiles à s’engouffrer dans la brèche.
Depuis quand a-t-on vu qu’un maire pouvait se soustraire à l’obligation d’appliquer la loi ? Et que vient faire ici une clause de conscience qui peut s’appliquer à un journaliste ou a un médecin mais qui ne s’applique absolument pas à ceux qui ont été élus et ont de ce fait une responsabilité publique vis-à-vis de l’ensemble de leur population sans aucune exception.
Mais revenons au fond des questions posées. Le mariage pour tous est une revendication d’égalité des droits pour chacune et chacun quel que soit son sexe ou son orientation sexuelle.
Et un droit ne s’accorde pas avec des réserves il s’accorde ou pas, un point c’est tout.
Contrairement à ce qu’a dit récemment L. Jospin l’humanité n’est pas structurée sur le rapport hommes/femmes. C’est une construction historique qui a connu des formes diverses. La Grèce antique valorisait autant l’homosexualité que l’hétérosexualité. En occident ce n’est qu’en l’an mille que l’église sacralise le mariage hétérosexuel.
La filiation aussi a connu des formes diverses : matrilinéaire ici patrilinéaire là, et l’adoption chez les romains était préférée à la descendance biologique.
Aujourd’hui, la famille ne correspond plus à l’idée que les églises s’en font : dans les villes un couple sur 2 divorce, 25 % des ménages sont des familles monoparentales ou les enfants ne sont élevés que par leur mère.
La famille n’est plus le seul mode de socialisation des enfants, l’école, la télévision ou Internet y prennent largement leur part.
Le mariage lui-même n’est plus et depuis longtemps le mode exclusif de relations entre des êtres qui s’aiment de sexes différents ou non.
Va-t-on enfin respecter l’aspiration de chacune et de chacun à vivre sa vie en toute liberté. Le temps n’est plus, et c’est heureux, où l’on considérait que l’homosexualité était une maladie, l’égalité femmes/hommes une aberration et le divorce un drame absolu.
La société française est favorable à cette avancée et même si ce n’était pas le cas la gauche aurait-elle des convictions à géométrie variable ? J’aurai la cruauté de rappeler que F. Mitterrand et R. Badinter n’ont pas tremblé quand il s’est agi de voter la suppression de la peine de mort.
Une fois de plus je rappellerai que les combats que nous perdons sont ceux que nous ne menons pas. Il ne suffira pas de bien voter au Parlement en janvier prochain il faut dès maintenant se battre sur le terrain des idées et créer un rapport de force favorable à ceux qui luttent contre l’obscurantisme, l’homophobie et le sexisme.

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