mardi 4 décembre 2012

Les droites en mutation

Jusqu’aux années 2000 le FN était seul à se réclamer d’une droite nationale, décomplexée et xénophobe. Les temps changent à une vitesse considérable et le spectacle grotesque auquel se livrent les duettistes de l’UMP est tout sauf dénué de sens. Ils tentent de masquer une réalité pourtant évidente aux observateurs attentifs : Nous assistons en temps réel à la mutation de ce que l’on nommait la droite républicaine.
La crise actuelle de l’UMP relève plus de la définition gramscienne (« il y a crise quand le vieux ne parvient pas à mourir et que le neuf ne parvient pas à naître »), que d’un simple affrontement entre des égos surdimensionnés.
Or c’est le neuf qui finira par l’emporter parce qu’il est défendu à la fois par Sarkozy, Copé, Guéant, Fillon et par M. Le Pen et les siens.
De quoi s’agit-il ? Face aux ravages sociaux, à l’ampleur des peurs et des replis identitaires, face aux paniques morales et aux recherches désespérées de protections et de frontières, une part de plus en plus importante de la droite française, sous l’influence de son extrême, se retrouve autour d’un corpus idéologique commun et c’est cela qui permet la recomposition politique à l’œuvre.
Ce corpus, longtemps circonscrit « au lepénisme » prend désormais des contenus susceptibles de rassembler d’autres courants de la pensée conservatrice. C’est en effet au nom de la laïcité que l’on justifie l’islamophobie ; c’est au nom de la République que l’on défend l’identité nationale ; c’est au nom de la civilisation que l’on dénonce le « racisme antiblanc » et que l’on légitime la domination blanche, chrétienne et occidentale sur un monde pourtant de plus en plus polycentrique ; c’est au nom du peuple français et de son patriotisme que l’on affirme la préférence nationale, en termes d’emplois, de logements ou de protection sociale ; enfin c’est au nom de la psychiatrie que l’on refuse le mariage pour tous !
Désormais ces discours ne sont plus le monopole du FN. La campagne interne à l’UMP a montré qu’ils étaient très largement partagés. Au sommet, où l’on a vu les députés de la droite populaire soutenir indifféremment Copé ou Fillon. A la base, nombreux sont les adhérents qui voient le FN comme le réceptacle naturel des déçus de l’UMP.
Le projet commun à cette droite est de perpétuer la domination du capitalisme en crise en exacerbant la fragmentation des populations selon leurs origines, leurs croyances, leurs cultures. Cet affrontement identitaire permettrait d’éviter la recherche des solidarités nécessaires au changement.
Cessons donc de rire devant le spectacle grandguignolesque que nous offrent complaisamment des médias toujours prompts à privilégier la forme sur le fond. Le danger est immense pour une gauche qui court à l’échec si elle continue de désespérer les siens.
Il est urgent de reconstruire des solidarités où les différences ne sont plus des obstacles à dépasser mais des richesses à promouvoir. Urgent également de reconquérir une « hégémonie culturelle », celle des mots, des idées et des valeurs progressistes. Urgent enfin d’agir en faveur d’une autre République qui mettrait la démocratie et la politique au service des citoyens et non de ceux qui possèdent les avoirs, les savoirs et les pouvoirs.

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