mardi 27 novembre 2012

Le mur de l’argent


Le rapport annuel du Secours catholique nous apprend que 8 millions de français et surtout de françaises vivent en dessous du seuil de pauvreté dont 2 millions sont en situation de pauvreté absolue. Voilà un rapport qui inquiète moins le gouvernement que le rapport Gallois sur la compétitivité de nos entreprises. Il a donc décidé de reprendre à son compte l’essentiel de ses préconisations qui s’inspirent des exigences du MEDEF. Il commet une grave erreur pour trois raisons : en premier lieu parce qu’il entérine la thèse patronale de la responsabilité du coût du travail dans l’état de nos entreprises.  Or cette thèse est fausse. Toutes les études montrent que le coût du travail en France est équivalent dans l’industrie à celui de l’Allemagne et si l’on rapporte ce coût à la productivité, la France a l’un des coût les plus faibles d’Europe, très sensiblement inférieur à celui de nos voisins d’outre Rhin. Ce n’est donc pas du côté du travail qu’il faut regarder mais de celui du capital. Depuis 2003 le montant des dividendes versés aux actionnaires dépasse celui des investissements. En dix ans ces dividendes sont passés de 5,6% à 9% de la valeur ajoutée produites par nos industries . A l’inverse les dépenses en recherche-développement sont passées de 44% à 25% de ces mêmes dividendes !

En second lieu le gouvernement, qui va accorder 20 milliards en crédit d’impôts aux entreprises, n’a rien obtenu en échange en termes d’investissement productif et de recherche, d’emplois et de salaires. Rien ne garantit donc que ces 20 milliards n’aillent pas gonfler les poches des actionnaires et alimenter la financiarisation de notre économie contre « le redressement productif ». Voilà un « donnant/donnant » qui ressemble fort à un marché de dupes et ce n’est pas les strapontins accordés aux salariés dans les Conseils d’administrations qui changeront le rapport de force.

D’autant plus et c’est ma dernière remarque que ce sont les mêmes qui vont payer ces nouveaux cadeaux : après l’annonce d’un budget 2013 qui opère des coupes drastiques dans la dépense publique, voilà que l’on va réduire la consommation des ménages via une augmentation de la TVA qui ressemble fort à la « TVA sociale » sarkozyste et que l’on va procéder à une nouvelle baisse des budgets publics de 10 milliards. Nous sommes  engagés dans une véritable cure d’austérité qui va nous entrainer dans une logique récessive. La demande intérieure n’étant plus solvable les milliards accordés serviront à la recherche d’une compétitivité à coup de conquêtes extérieures de parts de marché et de délocalisations.

Notre pays mérite mieux que la fuite en avant libérale et si Madame Parisot se félicite des décisions gouvernementales, il n’est écrit nulle part qu’il faille se résoudre à la résignation ou au repli protectionniste et xénophobe à la mode Le Pen. A la compétitivité il faut opposer la coopération, contre l’austérité suicidaire il faut proposer une croissance à finalité sociale et écologique, aux pressions des forces rétrogrades du patronat et de la droite il faut promouvoir la résistance et imposer l’exercice de la démocratie.

 La gauche a mieux à faire que de se coucher une fois de plus devant le mur de l’argent.

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