Le rapport annuel du Secours
catholique nous apprend que 8 millions de français et surtout de françaises
vivent en dessous du seuil de pauvreté dont 2 millions sont en situation de
pauvreté absolue. Voilà un rapport qui inquiète moins le gouvernement que le
rapport Gallois sur la compétitivité de nos entreprises. Il a donc décidé de
reprendre à son compte l’essentiel de ses préconisations qui s’inspirent des exigences
du MEDEF. Il commet une grave erreur pour trois raisons : en premier lieu
parce qu’il entérine la thèse patronale de la responsabilité du coût du travail
dans l’état de nos entreprises. Or cette
thèse est fausse. Toutes les études montrent que le coût du travail en France
est équivalent dans l’industrie à celui de l’Allemagne et si l’on rapporte ce
coût à la productivité, la France a l’un des coût les plus faibles d’Europe,
très sensiblement inférieur à celui de nos voisins d’outre Rhin. Ce n’est donc
pas du côté du travail qu’il faut regarder mais de celui du capital. Depuis
2003 le montant des dividendes versés aux actionnaires dépasse celui des
investissements. En dix ans ces dividendes sont passés de 5,6% à 9% de la
valeur ajoutée produites par nos industries . A l’inverse les dépenses en
recherche-développement sont passées de 44% à 25% de ces mêmes
dividendes !
En second lieu le
gouvernement, qui va accorder 20 milliards en crédit d’impôts aux entreprises,
n’a rien obtenu en échange en termes d’investissement productif et de
recherche, d’emplois et de salaires. Rien ne garantit donc que ces 20 milliards
n’aillent pas gonfler les poches des actionnaires et alimenter la
financiarisation de notre économie contre « le redressement
productif ». Voilà un « donnant/donnant » qui ressemble fort à
un marché de dupes et ce n’est pas les strapontins accordés aux salariés dans
les Conseils d’administrations qui changeront le rapport de force.
D’autant plus et c’est ma
dernière remarque que ce sont les mêmes qui vont payer ces nouveaux cadeaux :
après l’annonce d’un budget 2013 qui opère des coupes drastiques dans la
dépense publique, voilà que l’on va réduire la consommation des ménages via une
augmentation de la TVA qui ressemble fort à la « TVA sociale »
sarkozyste et que l’on va procéder à une nouvelle baisse des budgets publics de
10 milliards. Nous sommes engagés dans
une véritable cure d’austérité qui va nous entrainer dans une logique récessive.
La demande intérieure n’étant plus solvable les milliards accordés serviront à
la recherche d’une compétitivité à coup de conquêtes extérieures de parts de
marché et de délocalisations.
Notre pays mérite mieux que
la fuite en avant libérale et si Madame Parisot se félicite des décisions
gouvernementales, il n’est écrit nulle part qu’il faille se résoudre à la
résignation ou au repli protectionniste et xénophobe à la mode Le Pen. A la
compétitivité il faut opposer la coopération, contre l’austérité suicidaire il
faut proposer une croissance à finalité sociale et écologique, aux pressions des
forces rétrogrades du patronat et de la droite il faut promouvoir la résistance
et imposer l’exercice de la démocratie.
La gauche a mieux à faire que de se coucher
une fois de plus devant le mur de l’argent.
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