lundi 17 décembre 2012

Doha : écologie ne rime pas avec compétitivité

 L’échec de la conférence de Doha sur le réchauffement climatique étonne et chagrine beaucoup les observateurs. Comme le dit le Monde «  un fois encore le message paradoxal adressé à la planète est que la négociation sur le changement climatique n’est pas dictée par les évolutions du climat mais par les fluctuations économiques ». Entendez par là les impératifs de la compétitivité.
Les grandes puissances qui produisent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre ont refusé d’accorder aux pays pauvres les 60 milliards de dollars qu’ils réclamaient pour faire face aux conséquences dramatiques pour eux du réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables.
Personne n’échappe dès maintenant à ses effets : de l’ouragan Sandy aux USA au typhon meurtrier qui a dévasté les Philippines, de la fonte de la banquise à la sécheresse en Europe les signaux d’alerte se multiplient. Les scientifiques pensent que si nous restons sur la trajectoire actuelle le réchauffement sera à terme de l’ordre de 4 % et la Banque Mondiale prévoit en cascade des cataclysmes qui couteront de plus en plus cher en vies humaines et ce qui inquiète surtout ces financiers, les effets économiques seront considérables.
Les USA ont bloqué toute perspective autre qu’un accord a minima fondé sur des vœux pieux. Ils envisagent sérieusement de se lancer à grande échelle dans l’exploitation du gaz de schiste dont leur sous-sol regorge. Or il s’agit à nouveau d’une énergie carbonée productrice de gaz à effet de serre. La vérité est crue : les grands groupes énergétiques mondiaux pensent que les énergies renouvelables nécessitent des investissements trop couteux qui ne les rendent pas rentables à court terme et le développement du solaire au lieu de faire l’objet de coopération entre les Etats est au cœur d’une guerre commerciale sans merci.
Le prétendu capitalisme Vert auquel certains écologistes continuent de croire mesure son adhésion à la lutte contre le CO² à l’aune des dividendes qu’ils versent à ses actionnaires. TOTAL réalise régulièrement 12 milliards d’euros de profits essentiellement sur le pétrole. Et vous voulez qu’il s’engage dans la transition énergétique ?
La nomination de Nicolas Hulot comme envoyé spécial du Président de la République sur l’écologie, importante à bien des égards, est-elle compatible avec la mise en œuvre d’une politique d’austérité ? La transition vers un mode de développement plus respectueux des équilibres écologiques et des ressources naturelles exige des investissements considérables en premier lieu des investissements publics. Car le développement durable est d’abord affaire de services publics, de l’énergie, des transports, des déchets…
Ouvrons le débat sur cette question essentielle, au devenir de la planète et de l’humanité sans œillères, sans dogmatisme.
L’enjeu écologique est aussi un enjeu social et culturel et il faut organiser la convergence de ces dimensions. Les temps longs des écosystèmes sont incompatibles avec les temps courts du profit et Doha le montre bien : si les peuples ne s’en mêlent pas il y aura encore des conférences qui ne débouchent sur rien ou presque rien.

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