jeudi 3 janvier 2013

L’année des paradoxes

2012 est une année paradoxale. Elle a vu en France la chute de N. Sarkozy mais F. Hollande qui lui succède perd très rapidement la confiance populaire. Austérité pour tous sauf pour les riches à qui l’on fait crédit sous prétexte de compétitivité, tout confirme les choix néolibéraux d’un pouvoir qui ne cesse de poursuivre sous des formes à peine déguisées, la politique de ses prédécesseurs : sécuritarisme renforcé, réforme territoriale antidémocratique non abrogée, abandon du droit de vote des étrangers, RGPP amplifiée malgré le changement de nom, baisse sensible des budgets culture, santé, logement…
Si « nationalisation » continue d’être un gros mot aux yeux de nos gouvernants, la main mise d’un ancien repris de justice sur les journaux régionaux de la France méridionale ne semble leur poser aucun problème. C’est d’autant plus choquant que cet OPA de Tapie se fait avec de l’argent public dont Sarkozy a disposé cyniquement pour lui en faire cadeau.
De même, traiter de minable un acteur populaire, ne fait pas une politique fiscale socialement juste. Appeler au patriotisme des riches n’a jamais permis de combattre l’exil fiscal de ceux qui profitent de l’absence d’une réforme fiscale juste qui devait être la priorité des priorités. L’Europe réduit les budgets publics, refuse une harmonisation sociale et fiscale, mais garantit la libre circulation des capitaux entre ses membres qui en profitent pour se livrer à un dumping social et fiscal pour le plus grand profit des puissants. Il devient de plus en plus nécessaire, non de se replier dans je ne sais quelle démarche protestataire qui transformerait le Front de gauche en NPA bis, de rassembler tous ceux à gauche qui veulent agir pour rendre crédible une alternative aux politiques libérales en France et en Europe, éviter ainsi le pire, le retour d’une droite dominée par ses extrêmes.
Aux USA, 2012 a vu la réélection d’Obama et quelques référendums locaux qui ont laissé espérer un deuxième mandat un peu plus progressiste que le premier. Mais le drame de Newtown a remis en lumière la puissance d’une idéologie d’autodéfense qui tente de ramener ce pays à la violence de ses origines pionnières, colonialistes et esclavagistes. Le débat sur le contrôle de la vente d’armes est proprement hallucinant : comment peut-on justifier au 21e siècle dans un pays qui se prétend démocratique et civilisé que chacun puisse posséder (300 millions d’armes au moins sont en circulation !) une armurerie destinée à faire la loi soi-même. J’ai entendu un membre de la NRA expliquer froidement qu’il fallait armer les enseignants ! Mais qui se pose la question de savoir pourquoi les fusillades de masse dans des lieux publics font partie de la banalité du quotidien ?
Il faut espérer que les forces progressistes américaines, et elles existent, ne se résignent pas et combattent le commerce des armes mais aussi un modèle de société qui pense que c’est la guerre qui règle les rapports sociaux et que celui qui ne l’accepte pas est forcément un malade à qui l’on ne laisse comme seul moyen d’expression la violence aveugle. Ce nécessaire combat n’est pas réservé aux américains c’est aussi le nôtre.

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