lundi 22 avril 2013

Le révélateur

Les mesures en faveur de la transparence sur les patrimoines des élus et contre l’évasion fiscale annoncées par F. Hollande persistent à réduire l’affaire Cahuzac à sa seule dimension morale. Or elle révèle une crise politique qui appelle une réponse globale. Conjonction de plusieurs dimensions, la crise actuelle nous confronte une fois de plus à l’urgence d’un changement de société.
Une crise sociale gravissime par son ampleur et sa durée : l’explosion du chômage, de la précarité et des inégalités sociales condamnent des politiques d’austérité totalement inefficaces imposées par la finance à son seul profit.
Tout se passe comme si les classes populaires, leur emploi, leur pouvoir d’achat, leur bien-être, leur cadre de vie ne faisaient plus partie du projet économique dominant. F. Hollande s’obstine à ne pas changer de cap contre des avis, chaque jour plus nombreux y compris dans son propre camp. C’est pourtant le cœur des attentes de ceux qui l’ont élu.
En second lieu une crise de la représentation politique avec l’élargissement continu du fossé entre les citoyen(ne)s et les élu(e)s, une perte de confiance envers la politique jugée incapable d’affronter une économie dominée par des marchés et des actionnaires lointains et anonymes.
Le comportement arrogant de l’oligarchie financière et des élus à leur service est d’autant plus insupportable qu’ils s’affranchissent des règles qu’ils imposent à tous. Ils jettent ainsi l’opprobre sur l’ensemble des élus, dont beaucoup sont bénévoles et se dévouent au bien public. Une crise aggravée par une perte de repères, la droite et la gauche se succédant aux affaires dans la continuité des politiques. C’est aussi une crise de régime. La 5e République est aujourd’hui réduite à sa caricature : concentration du pouvoir dans les mains d’un seul homme, parlement croupion, décentralisation ratée, parité non respectée, modalités électorales illisibles et antidémocratiques. Là encore la réponse ne peut attendre et elle porte un nom : une 6e République solidaire, écologique et citoyenne.
Nous vivons enfin une crise morale. La crise du capitalisme contemporain ne se résume à sa dimension économique, c’est une crise du sens de l’existence des individus et du devenir de nos sociétés. Les aspirations à l’autonomie, à l’émancipation, à la citoyenneté, au bien vivre ensemble, à l’appropriation des savoirs et des cultures, à un travail épanouissant n’ont jamais été aussi fortes. Or, elles sont bridées par une marchandisation exacerbée des biens matériels immatériels au sein d’un consumérisme aliénant ; bridées aussi par des systèmes disciplinaires, hiérarchisés à l’extrême où le harcèlement est la coutume, l’obéissance à l’autorité la seule voie ; bridées enfin par une évaluation chiffrée, une mise en concurrence généralisée, des discriminations sociales, sexuelles et ethniques.
Gramsci avait raison d’écrire que « la crise c’est quand le vieux monde se meurt, que le nouveau tarde à naître et que dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».
Nous vivons ce temps mais le nouveau ne surgira que si les peuples s’affranchissent de « la servitude volontaire » par une révolution citoyenne.

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