lundi 15 avril 2013

Mieux communiquer ou changer de politique ?

La côte de popularité du Président de la République est au plus bas. Les conseillers se précipitent : certains évoquent un problème de communication. Il suffirait de mieux expliquer la situation et tel Churchill promettre « la sueur, le sang et les larmes ». Un autre suggère de « virer un ministre » pour montrer la cohérence d’un gouvernement qui étale pourtant chaque jour ses désaccords. Ces « docteurs es politiques » estiment qu’il faut aller plus vite et plus loin dans la flexibilisation du travail et le soutien à la compétitivité des entreprises en appliquant intégralement l’ANI imposé par le MEDEF.
En revanche de nombreux parlementaires socialistes expriment un désarroi et de sérieux doutes sur la politique menée. Des militants socialistes sont désemparés : « revenez à gauche » a dit l’un d’entre eux à Harlem Désir lors d’une réunion houleuse en Aquitaine. Il n’y a donc pas que la majorité des syndicats et le Front de gauche qui contestent l’austérité.
Et pourtant F. Hollande vient d’annoncer à Dijon une nouvelle cure de rigueur tout en reconnaissant que ses objectifs de réduction du déficit, de croissance et d’emplois sont inatteignables. Il a balayé les inquiétudes, les colères et les résistances du peuple d’un revers de main !
L’aveuglement de l’exécutif est proprement sidérant. Qui peut croire que la guérison surgira d’une profonde saignée du malade ? La Grèce, l’Espagne, l’Italie montrent que l’austérité conduit plus sûrement à l’aggravation des symptômes. Même le FMI le dit désormais et nous savons tous d’expérience que chômage, récession et pauvreté font le lit du populisme.
Pendant ce temps les affaires et les profits du CAC 40 se portent très bien. La symbolique du voyage présidentiel à Dijon est intéressante à décrire : à 2 pas du quartier des Grésilles où la police a réprimé une manifestation de syndicalistes, SANOFI possède un de ses sites industriels. Cette multinationale supprime 2000 emplois, ferme des laboratoires mais va offrir 4 milliards de dividendes supplémentaires à ses actionnaires tandis que le pacte de compétitivité va lui faire bénéficier d’un crédit de 47 millions d’argent public.
Il est grand temps que l’hostilité populaire à l’austérité, que tous les sondages attestent, se transforme en mobilisation sociale et en volonté politique d’une alternative véritablement de gauche. L’austérité n’est pas la solution c’est le problème. Une autre politique est possible : une croissance fondée sur la relance du pouvoir d’achat et s’inscrivant dans la nécessaire transition écologique, sur des investissements tournés vers la recherche, l’innovation et la formation des salarié(e)s, sur des emplois stables et sécurisés. Tout cela est bien entendu contradictoire avec l’ANI, le pacte de compétitivité et la réduction de la dépense publique. Cela suppose au contraire une maîtrise publique du crédit, une relance des services publics, une réforme fiscale juste et une révolution citoyenne démocratisant l’Etat et les collectivités territoriales.
Toute l’histoire européenne a montré que l’on ne peut prétendre faire le bonheur d’un peuple en dehors de lui, à fortiori contre lui.
Il ne s’agit pas de mieux communiquer, il s’agit de changer de politique.

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