vendredi 31 mai 2013

Quelle métropolisation ?

Le processus de métropolisation constitue une des caractéristiques majeures, des modes de territorialisation des sociétés humaines à l’échelle planétaire. Le dépassement, amorcé dès le 19e siècle, de l’opposition entre ville et campagne par des formes d’urbanisation généralisées et différenciées est à l’origine de la civilisation urbaine dans laquelle nous vivons. Mais si la ville est désormais partout, elle est partout en crise pour reprendre une formule célèbre d’Henri Lefèbvre. La question centrale n’est plus, depuis fort longtemps, de subir ou de refuser cette évolution mais de tout faire pour qu’elle garantisse le droit à la ville pour tous.
Les territoires métropolitains sont à la fois des moteurs de développement économique, des lieux où s’expriment de profondes inégalités sociales et spatiales et des espaces de démocratie à l’histoire longue et vivace.
Les modèles libéraux ont apporté aux processus de métropolisation une réponse uniforme à l’échelle mondiale : mono-centrique, technocratique, ségrégative et inégalitaire.
Une réponse métropolitaine de gauche doit être polycentrique, par opposition à la centralisation, coopérative par opposition à la concurrence, citoyenne par opposition à la technocratie, antidémocratique par définition. Il s’agit à l’inverse de «faire société » pour mieux vivre ensemble dans un développement durable, solidaire et démocratique.
Le modèle libéral aggrave partout la division entre les territoires alors qu’il faut la réduire. Il creuse les fractures sociales et territoriales à l’intérieur des futures métropoles alors qu’il faut les combler. Il établit des compétitions entre métropoles et entre les communes au sein des métropoles alors qu’il s’agit de développer des coopérations. Il oppose les territoires dits « innovants », créateurs d’emplois qualifiés et bénéficiant de moyens de l’Etat et des collectivités, et les territoires dits « sensibles » où se conjuguent régressions sociales, ségrégations et discriminations multiples. Il y a là un immense enjeu de solidarité et de vision entre tous les habitants. Il encourage l’économie de la rente, la spéculation foncière et immobilière, l’économie résidentielle contre l’économie productive, la domination des intérêts privés contre l’intérêt général alors qu’il faut développer l’économie réelle et les services publics. Il ne permet pas aux Régions et aux Départements de jouer un rôle de cohérence et de coopération en favorisant la concertation entre tous les acteurs en faveur de l’emploi, du logement, des transports, de la culture, de la santé et de l’aménagement durable des territoires dont il faut garantir l’égalité.
Enfin, il génère des modes de gestion très éloignés des populations et des territoires. Il faut au contraire, tout faire pour réconcilier le citadin, usager d’une ville en crise et le citoyen, acteur de sa transformation en généralisant la participation de tous à l’invention d’une nouvelle urbanité.
Malheureusement force est de constater que le « projet métropole » de l’Acte III de la décentralisation actuellement en débat au Parlement s’éloigne de cette perspective et s’inspire du modèle libéral. Il est donc en l’état inacceptable.

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