lundi 24 juin 2013

La fête de la musique : vive l’exception culturelle

La victoire de tous ceux qui se sont battus pour que l’exception culturelle soit respectée dans la négociation commerciale entre les USA et l’Union Européenne est un évènement considérable.
La décision avait été prise il y a 20 ans d’exclure la culture des accords mondiaux sur le commerce, à l’issue d’un mouvement de résistance mondial et pas seulement à la demande de la France.
Deux raisons majeures l’ont motivée et elles restent encore totalement fondées : il s’agit d’une part d’affirmer que la culture, au même titre que l’éducation ou la santé, est un bien commun de l’humanité et ne peut donc pas être assimilée à une vulgaire marchandise. D’autre part il faut tout faire, comme nous y invite l’UNESCO, pour protéger la diversité culturelle et combattre les tendances à l’uniformisation. Celles-ci sont générées par une production mondialisée de produits culturels formatés au contenu prétendument universel mais qui sont en réalité des supports de profits considérables et des vecteurs de domination des esprits.
N’oublions jamais que l’ambition des géants américains ou asiatiques de l’industrie culturelle, de l’audiovisuel et de l’Internet n’est pas seulement de vendre, elle est aussi de réduire la culture à un simple divertissement qui la prive de sa dimension critique et émancipatrice. Leur ambition au bout du compte est à la fois économique et politique.
Mesurons bien ce qui vient de se passer : pour la première fois en Europe un combat contre les forces du libéralisme a été gagné et cette victoire a été obtenue dans le champ culturel.
Quand M. Barroso, sortant scandaleusement de son rôle, traite la France de réactionnaire et que son Commissaire au commerce menace de passer outre la décision politique prise par le Conseil européen, la situation est ubuesque : la techno structure éructe et pour une fois le politique a prévalu : rappelons que le Parlement européen avait majoritairement voté en faveur de l’exception culturelle et 13 pays sur 27 étaient sur la même position que la France. Et surtout, des milliers de cinéastes européens, mais aussi américains, un véritable mouvement social, culturel et politique, s’est mobilisé en Europe pour imposer une telle victoire. Je critique assez, dans cette chronique, les politiques d’austérité menées par le gouvernement pour ne pas me féliciter de la fermeté de la France qui a jusqu’au bout, porté cette exigence.
Lorsqu’une dynamique de rassemblement sur un contenu progressiste a lieu en Europe nous sommes capables de renverser ce qui apparait à beaucoup comme une montagne, les politiques libérales européennes.
Cela doit nous permettre d’élargir notre lutte contre l’ensemble du traité de libre-échange pour que la culture ne soit plus une exception. Ainsi des échanges agricoles où cet accord risque de favoriser l’importation massive de maïs OGM et de bœufs aux hormones en provenance des USA. Au-delà mobilisons-nous contre l’ensemble des politiques libérales, de l’euro fort à la BCE indépendante en passant par la baisse drastique de la dépense publique et la privatisation des services publics, et rassemblons-nous pour une autre Europe, sociale, écologique et démocratique.

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