vendredi 7 juin 2013

Le MUCEM, un rêve méditerranéen

J’ai eu le privilège mardi dernier de participer à l’inauguration de ce magnifique Musée des Cultures et des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) réalisé par l’architecte Rudy Ricciotti sur le môle J4 du port de Marseille face à la méditerranée.
Quel site magique et quelle beauté architecturale ! Nous pouvons légitimement être fiers d’appartenir à une civilisation encore capable d’offrir à tous un territoire de pensée et de poésie, un lieu de transmission de notre mémoire, de notre savoir et notre imaginaire, un espace du débat et du dialogue des cultures entre l’Europe et la méditerranée. Un Musée pour la méditerranée qui ambitionne d’être citoyen et populaire.
La méditerranée est en effet le berceau des civilisations qui ont fait ce que nous sommes devenus. C’est notre passé, fait tout à la fois d’ombres, celles des dominations qui s’y sont succédées et de lumières notre extraordinaire héritage artistique, culturel et citoyen. L’exposition « le Noir et le Bleu un rêve méditerranéen» qui ouvre le Musée, est passionnante à cet égard. La méditerranée c’est aussi notre avenir si nous sommes capables de construire ensemble d’une rive à l’autre, un espace de paix et de fraternité, de codéveloppement économique, social et écologique. Un avenir rejetant toute forme de néocolonialisme et de racisme, promouvant la culture dans sa diversité excluant les obscurantismes et les intégristes, faisant le pari de la création, soutenant toutes les avancées démocratiques au Sud et en Orient, ces printemps arabes qui en ont bien besoin, mais aussi au Nord avec le combat que nous menons pour ressourcer une démocratie européenne très sérieusement mise à mal par les oligarchies financières.
J’aurai pu quitter le MUCEM le cœur rempli d’espoir si je n’avais pas entendu le discours du Président de la République.
Quel manque de souffle et d’ambition pour l’avenir commun à tous ces peuples qui bordent la méditerranée que F. Braudel nommait notre « mer intérieure ».
Quelle vision étroite de la culture, réduite au rang de supplétive d’une économie défaillante, simple levier pour l’économie touristique et facteur de « compétitivité » dans un monde qu’il ne conçoit que régit par la marchandise et la concurrence.
Quel abaissement du rôle d’un chef d’Etat lui qui n’a eu d’autre préoccupation que de nous détailler sa « boite à outils » si peu efficace en faveur de l’emploi ou encore de tenter de convaincre des élus majoritairement hostiles, que la métropole était le sésame unique pour faire de Marseille et de la Provence un territoire « compétitif » à l’échelle mondiale.
Mahmoud Darwich, ce grand poète palestinien qui était venu nous rendre visite très peu de temps avant sa mort avait prononcé une phrase qui m’est restée en mémoire : « lorsque la politique est dénuée de culture et d’imaginaire elle est condamnée à l’ordre du conjoncturel ».

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