vendredi 14 juin 2013

Réagir à la violence fasciste

L’émotion légitime soulevée par l’assassinat de Clément Méric, ce jeune militant antifasciste, par des membres de groupuscules d’extrême droite dont il faut obtenir la dissolution, ne doit pas nous dispenser de réfléchir aux causes d’un acte aussi tragique que révoltant et aux moyens d’y répondre.
Le débat public est d’ores et déjà engagé et certains discours sont profondément choquants. Ainsi J.F. Coppé, à l’instar de beaucoup d’observateurs, n’hésite pas à renvoyer dos à dos ce qu’il appelle les extrêmes. Comment établir un parallèle entre des groupes fascistes qui rejettent toutes les valeurs de la République, professent xénophobie et homophobie et passent régulièrement à l’acte, comme l’ont montré récemment nombres de crimes racistes ou encore des passages à tabac d’homosexuels, avec des militants antifascistes qui mènent un combat de conviction contre ces idées, ces valeurs et ces actes ?
L’irruption de ces groupuscules ne relève pas du hasard. Quoi qu’en dise M. Le Pen ils ont surgi dans la mouvance du FN et dans le développement de la « lepénisation » des esprits. La banalisation des thèses d’extrême droite vient de loin : des « mauvaises odeurs » de Chirac à la défense de l’identité nationale façon Sarkozy en passant par des propos prétendument de gauche sur le fait que «la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde » (Rocard) ou encore que « le FN posait les bonnes questions mais apportait de mauvaises réponses» (Fabius). M. Coppé ,encore lui, est orfèvre en la matière : depuis sa plaisanterie douteuse sur le pain au chocolat à la droitisation dans laquelle il entraine son parti, en passant par son omniprésence dans les manifestations anti- mariage gay aux côtés précisément de ces groupes fascistes, monarchistes ou intégristes. Enfin je n’oublie pas que cette banalisation est également le fait de la paresse intellectuelle de certains médias ou plus grave, la franche complicité d’autres où sévissent des personnages aussi réactionnaires que Zemmour ou Ménard qui ont vendu leur âme au diable en se faisant le relais des pensées conservatrices et populistes de haine et d’exclusion de toutes les différences.
Ceux qui refusent cet « air du temps » ne sont pas l’extrême gauche. Ils sont la gauche, celle qui ne lâche rien : ni son combat idéologique contre l’extrême droite et tous ceux qui rêvent de la sainte alliance des droites ; ni son combat sociétal pour la démocratie, la laïcité et la 6e République ; ni son combat social pour refuser la fatalité de la crise et des politiques d’austérité imposées aujourd’hui au nom de la compétitivité ; ni son combat politique pour rassembler autour d’une autre politique.
Puisse cet événement tragique faire prendre conscience à gauche de l’urgence de repartir à la reconquête des esprits et des imaginaires autour des idées et des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité comme de retrouver les chemins d’une nouvelle espérance. C’est sans aucun doute là que se trouve le plus sûr moyen pour faire reculer la haine, la division et la violence.    

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